Leishmaniose cutanée observée en Guyane : 2ème cas clinique
Observation
Un homme, âge de 24 ans, Brésilien,
piroguier sur le fleuve Oyapock, fleuve frontière entre la Guyane française et
le Brésil, consulte début 2005 au Centre de santé Saint Georges en Guyane
française pour des lésions cutanées au niveau de la face latérale droite du
thorax évoluant depuis 3 mois.
L’interrogatoire du malade apprend que
tout a commencé par des petits «boutons» qu’il a gratté. Puis, il a
observé 2 lésions qui ont augmenté de taille malgré des soins locaux pour
prendre l’aspect clinique actuel.
L’examen montre au niveau du thorax,
chez ce piroguier toujours torse nu, deux lésions bien circonscrites, de forme ovalaire, de type ulcéré ( type
humide), avec une ulcération centrale « taillée à pic», à fond irrégulier
et un bourrelet périphérique en relief, congestif, la peau étant hyperpigmentée
au pourtour.
La malade est en bon été général.
Le reste de l’examen est sans anomalie.
Quel est votre diagnostic ?
Quelle est l’utilité d’examens
complémentaires ?
Quel est le traitement de cette affection ?
Quelle est la prévention de cette
affection ?
Discussion
Le
diagnostic de cette affection est clinique. Il s’agit à l’évidence d’une
leishmaniose cutanée localisée.
Il
est toujours utile, malgré le contexte épidémiologique et l’aspect clinique des
lésions, de faite un prélèvement par raclage et une biopsie cutanée au niveau
du bourrelet (zone active de la lésion).
C’est ce qui a été fait chez ce malade. Le raclage a montre la présence
de nombreux corps leishmaniens intracytoplasmiques et la biopsie un infiltrat
inflammatoire avec des corps leishmaniens.
La
leishmaniose cutanée à Leishmania
guyanensis, qui est une espèce à
large distribution sud-américaine, connue en Guyane française, a comme
réservoir de parasites des paresseux, mais aussi des rongeurs et des
marsupiaux. Une forme clinique réalise le pian bois caractérisé par la survenue
d’autres lésions après l’apparition de la première lésion (mama pian et petits pians).
Dans
le cas présenté, il ne s’agit pas d’un pian bois, mais de piqûres simultanées de l’insecte vecteur, le
phlébotome, le nombre de lésions étant variable, dépendant du nombre de piqûres
infectieuses.
Le
traitement de la leishmaniose cutanée localisée dd l’espèce L. guyanensis est
l'isethionate de pentamide (PENTACARINAT®) intramusculaire, 4 mg/kg de
pentamidine-base (soit environ 7
mg/kg), trois injections. L'évaluation de ce traitement doit se faire à six
semaines. Elle n’a pu se faire dans le cas présenté, la malade ne s’étant pas
présenté au contrôle.
La
prévention repose sur le port de vêtements recouvrant le maximum de surface corporelle, les répulsifs, les
moustiquaires. Elle n’est pas réalisable chez
ce malade.
Références
Lightburn
E., Morand J.J., Meynard J.B. et coll. Thérapeutique des leishmanioses
tégumentaires du Nouveau Monde. Expérience à propos de 320 cas traités par
isethionate de pentamidine à fortes doses. Med. Trop., 2003, 63, 35-44.
Photographie
du thorax du malade montrant deux lésions ulcérées, humides.
Professeur
Pierre Aubry. Texte rédigé le 25/03/2005.
Remerciements
de l’auteur au Docteur Baudoin Tchakonté.