A propos du Centenaire de la création de l’Ecole de Médecine
d’Hanoi
Pierre Aubry, Professeur
Emérite à la Faculté de Médecine d’Antananarivo, Madagascar.
Résumé
A côté
des Instituts Pasteur de Saigon et de Nha Trang fondés en 1891 et 1895, et de
leur rôle essentiel en matière de médecine préventive, la France avait ouvert,
dès la conquête de l’Indochine (1863-1893), des dispensaires, hôpitaux et
maternités pour y exercer une médecine individuelle. Mais, il fallait, pour
assurer leur fonctionnement, former du personnel indochinois. C’est ainsi que
fut ouvert, en 1902, l’Ecole de Médecine d’Hanoi sous la direction d’Alexandre
Yersin.
Quelles
étaient les principales pathologies qui allaient être enseignées aux futurs
médecins indochinois ? Nous en retiendrons cinq.
La
variole était le fléau le plus meurtrier, alors que le
vaccin antivariolique
était déjà produit à l’Institut
Pasteur de Saigon : d’où, la nécessité
de
former des vaccinateurs indigènes.
Le
paludisme sévissait dans toute la péninsule indochinoise, mais l’endémie
n’avait pas partout la même gravité : la maladie, relativement
« bénigne » dans les delta, était très meurtrière dans la montagne
couverte de forêts.
Le
choléra pénétrait dans l’intérieur des terres en suivant les grandes voies
fluviales, remontant à contre-courant à partir du Delta du Fleuve Rouge et du
Mékong, le vibrion cholérique étant disséminé par les sampans.
Le
béribéri, dont on ignorait encore la cause, faisait de nombreuses victimes dans
les prisons, en particulier au bagne de Poulo Condor.
L’opiomanie
s’était développée en Indochine au XVIIIème siècle, en même temps
qu’en Chine, condamnée à fumer l’opium
par l’Angleterre. Or, cette drogue n’a pas été seulement nuisible à l’individu
et à la société, mais a eu de plus, et a toujours, d’importantes conséquences
socio-économiques.
En 2005, à l’exception de la variole
éradiquée en 1975, toutes ces maladies, et bien d’autres développées dans
l’article, persistent en Indochine sur une mode endémo-épidémique.
Mots Clés : Ecole de Médecine
d’Hanoi, variole, paludisme, choléra, béribéri, opiomanie.
Le 08 janvier 1902, un arrête du Gouverneur général de
l’Indochine fondait l’Ecole de Médecine d’Hanoi, avec
pour Directeur, Alexandre Yersin. L’Ecole de Médecine
d’Hanoi était la troisième Ecole
créée
par la France outre-mer, après celles de Pondichéry en
1863 et de Tananarive en
1896. Dans l’article 2 de l’arrête fondateur, il
était
précisé que l’Ecole de Médecine
d’Hanoi avait pour objets :
- de former des
médecins asiatiques capables d’assurer avec les médecins français et sous leur
direction le service de santé en Indochine et dans les postes de l’extérieur,
- de contribuer aux
recherches scientifiques intéressant l’étiologie et le traitement des maladies
qui affectent, en Extrême-Orient, les européens et les indigènes.
Dans
quel contexte, les étudiants de la première promotion allaient-ils commencer
leurs études ?
L’Indochine comprenait en ce début de XXème
siècle cinq pays conquis par la France de 1863 à 1893 : la Cochinchine qui
était une colonie, le Cambodge, le Laos, l’Annam et le Tonkin qui étaient des
protectorats (Rappelons que le Cambodge et le Laos sont indépendants depuis
1953 et que le Viêt-Nam est unifié depuis 1975, regroupant du nord au sud le
Tonkin, l’Annam et la Cochinchine).
Les pays frontaliers, le Siam (actuellement la Thaïlande),
la Birmanie (actuellement le Myanmar), la Chine, en particulier la province du Yunnan (qui est peut-être le berceau de
la peste), avaient d’étroites relations avec l’Indochine, en particulier par
les grandes voies fluviales du Mékong et du Ménam, et par la Mer de Chine
Méridionale.
La fin du XIXéme siècle est l’époque du grand élan pastorien
et des premières missions scientifiques destinées à étudier les maladies
infectieuses et parasitaires. Ces missions seront à l’origine de découvertes de
toute première importance, comme celle du bacille de la peste par Alexandre
Yersin en 1894, et de la fondation des premiers Instituts Pasteur
d’outre-mer : Saigon par Albert Calmette en 1891 et Nha Trang par Alexandre Yersin en 1895.
Quelles
étaient les pathologies que les médecins français allaient enseigner aux 29
étudiants de la première promotion de l’Ecole de Médecine d’Hanoi dès le
premier mars 1902 ?
1. Les principales maladies infectieuses et parasitaires
1.1. La variole
Bien
que la découverte par Jenner de l’immunité croisée entre le virus de la variole
et celui du cow-pox (vaccine) date de 1796, la variole restait en Indochine le
fléau le plus meurtrier : elle tuait le quart de la population infantile.
Trois
raisons principales expliquaient la mortalité due à la variole :
-
l’absence de vaccination dans l’enfance :
ce sont les jeunes enfants dans la tranche d’âge de 2 à 5 ans qui sont
le plus touchés ;
- la variolisation,
prophylaxie à partir d’une variole bénigne : elle est très répandue
en Indochine, où elle est pratiquée par des médecins chinois, la mortalité est
importante et la variolisation contribue à entretenir l’endémie ;
-
l’immunité conférée par la variole : elle est courte ( moins de 10 ans),
d’où des récidives fréquentes à l’âge adulte.
En
1891, est crée par A Calmette l’Institut de la Vaccine. Le vaccin, qui
était jusqu’alors pratiqué de bras à bras à partir d’enfants vaccinifères, est
préparé à partir de jeunes bufflons.
La prévention de la variole est théoriquement simple :
- interdire la variolisation,
-
et surtout rendre la vaccination obligatoire. La vaccination est
d’ailleurs obligatoire en Cochinchine, mais n’est pratiquée que par les
médecins des Colonies, trop peu nombreux pour pouvoir vacciner toute la
population. Il faut donc former des vaccinateurs
indigènes qui, sous la surveillance des médecins, se déplaceront dans
tout le territoire, d’autant que la production locale permet de vacciner toute
la population de l’Indochine. Le vaccin de l’Institut Pasteur de Saigon est
d’ailleurs utilisé dans les colonies anglaises et néerlandaises.
1.2. Le paludisme
Le paludisme a été la cause de la mortalité la plus élevée
au début de l’occupation française en Cochinchine. Le paludisme était, parmi
les maladies tropicales, une des mieux connues en 1902 : Laveran a
découvert l’hématozoaire à Constantine en 1880, Ross le rôle joué par les
anophèles dans la transmission en 1898 à Calcutta et le traitement du paludisme
par le quinquina a été introduit en Europe dès 1640.
Le
paludisme est la fièvre des marais européens, la fièvre des grands delta
fluviaux d’outre-mer. En Indochine, le paludisme fait peu de victimes dans les
delta, zones de culture du riz. Il est
par contre très meurtrier dans les montagnes : c’est la fièvre des bois. Les forêts de la chaîne Annamitique sont
le repaire de la fièvre des bois.
C’est la région boisée intermédiaire entre la côte et les sommets qui est la
plus malsaine. Elle est située entre 400 et 800 mètres d’altitude. Cette région
est peuplée par les Moïs montagnards, protégés des conquérants annamites par
cette ceinture de fièvre. A. Yersin a
été accablé par le paludisme en 1892
lors d’une expédition dans les hauts plateaux du centre. Les travailleurs
indochinois recrutés sur la côte et envoyés dans la montagne pour
défricher paieront un lourd tribut au
paludisme. Il en sera ainsi lors de l’introduction de la culture de l’Hévéa brasilensis par A.Yersin en 1897
dans les forêts.
L’explication est que l’habitat du paludisme est le sol non
défriché, aussi bien les marais que les forêts. La prévention est donc
triple :
-
il faut cultiver le riz dans les plaines,
-
il ne faut plus défricher les forêts,
-
il faut recruter les travailleurs sur place.
1.3. Le choléra
Le choléra a toujours sévi à l’état endémique en Asie. Le
vibrion du choléra dit asiatique (le bacille virgule) a été isolé au cours de
la 5éme pandémie par Koch à Alexandrie en 1883. Les mesures de salubrité ont
fait la preuve de leur efficacité en 1887 à New York à l’arrivée d’un
navire infesté par le choléra et mis en quarantaine.
En Indochine, le choléra se répand en saison sèche par les
grandes voies fluviales. Le Mékong est une véritable
dilution de matières fécales. Le choléra remonte à contre-courant du delta
du Mékong vers le nord par les sampans, maisons flottantes où les indigènes
passent toute leur vie. Les vibrions, éliminés par les matières fécales dans le
fleuve, cultivent dans
l’eau et créent un foyer de choléra à chaque escale. De plus, la crémation est
refusée aux malades qui meurent de mal foudroyant et les cadavres sont jetés
dans le fleuve. C’est par la voie fluviale du Ménam que l’épidémie de choléra
au Cambodge en 1900 s’est propagée à partir du Siam. La
pénétration par les axes routiers est moins importante : il n’y a peu de
routes et elles ne sont praticables qu’en saison sèche. Cependant, à certaines
périodes de l’année (fêtes, nouvel an), il y a de grands mouvements de
population. La seule prévention possible est l’eau bouillie, sous forme
de thé.
1.4. La lèpre
Elle
sévit partout avec deux foyers principaux : la
Cochinchine et le Tonkin, dans le delta du Fleuve Rouge. Le
premier Congrès International sur la lèpre s’est
tenu à
Berlin en 1897. Danielsen et Boeck avaient décrit la clinique en
1847 et Hansen
découvert le bacille en 1873.
Le nombre estimé de lépreux en 1902 en Indochine est de 12 à
15 000. Certains vivent dans la nature, d’autres dans des villages de lépreux.
Ceux-là sont des indigents qui reçoivent de l’administration une allocation
insuffisante, et donc sortent des villages pour travailler ou vendre dans les
marchés. Leurs familles vivent avec eux. Les villages de lépreux sont considérés comme des foyers de propagation
de la lèpre, d’autant qu’aucune précaution particulière n’est prise par les
habitants, y compris les européens. Il y a un risque certain de contagion, car
il s’agit de lèpres ouvertes. Il a
été proposé d’isoler les lépreux dans
des léproseries terrestres, voir maritimes. La France a d’ailleurs déjà
établi une réglementation dans deux de ses colonies, la Guyane et la
Nouvelle-Calédonie, où la lèpre atteint de nombreux européens, obligeant les
lépreux n’ayant aucun moyen pour se soigner à être admis en léproseries.
1.5. La syphilis
La syphilis est fréquente sur les côtes (delta du Mékong,
côte d’Annam, delta du Tonkin), rare dans les montagnes ( population Moïs de l’Annam). L’origine est vénérienne
transmise par les pêcheurs, les
négociants chinois, les Siamois au cours d’incursions. L’origine est aussi
extra génitale par les bâtonnets utilisés au cours des repas en commun, les
pipes à eau, les rasoirs des barbiers.
Quelques particularités cliniques sont signalées :
- l’accident initial est rarement observé,
- une forme est commune : la syphilis maligne précoce,
caractérisée par des placards cutanés à extension rapide, un coryza, un jetage,
des douleurs osseuses, des hyperostoses, des épanchements des grosses
articulations réduisant le malade à l’immobilité,
- les accidents secondaires sont peu apparents,
- les atteintes tertiaires atteignent la peau et le
squelette, avec une intégrité quasi constante des muqueuses et des viscères, il
n’est observé ni tabès, ni paralysie générale,
- la syphilis héréditaire est fréquente, avec atteintes
cutanée et osseuse, ainsi que les avortements dus à la syphilis.
La prévention passe par la surveillance de la prostitution,
le traitement des malades et l’éducation de la population.
1.6. La peste
A partir du foyer asiatique, les épidémies de peste étaient
à la fin du XIXéme siècle suivies à la trace. En 1894, une grave épidémie de
peste se déclare en Chine méridionale. Elle
atteint Canton, Hongkong, Bombay, et le monde entier par voie maritime.
C’est la 3émé pandémie, toujours actuelle. Alexandre Yersin découvre le bacille
de la peste à Hongkong le 20 juillet 1894 et Paul Louis Simond le rôle de la
puce du rat à Karachi en 1898.
En 1895-1896, Calmette, Yersin mettent au point un sérum
thérapeutique dont l’efficacité ne sera pas confirmée par l’épreuve du temps.
2.Les autres maladies infectieuses et
parasitaires sont à l’époque moins importantes en termes de mortalité ou de
morbidité.
2.1. La rage
Le premier cas de rage humaine a été rapporté en
Indochine n 1870. Pasteur avait mis au point la vaccination anti-rabique en
1885. En 1891, Calmette a créé l’Institut Antirabique de
Saigon : 20 sujets mordus étaient vaccinés en 1891, une centaine, provenant
de tout l’Extrême-orient, en 1902.
2.2. La tuberculose
La découverte du bacille de la tuberculose par Koch en 1883
a ouvert la voie à des progrès rapides dans le diagnostic de la tuberculose. La
tuberculose a été rapportée pour la première fois en Indochine en 1863. Mais sa
fréquence est mal précisée : considérée comme rare au Cambodge, elle
serait plus fréquente en Cochinchine, mais les statistiques sont moins
importantes qu’en Europe. Il s’agit essentiellement de tuberculose pulmonaire, plus
rarement ganglionnaire (écrouelles). Le rôle des bâtonnets utilisés pour les
repas est souligné.
2.3. Les dysenteries
Les étiologies des dysenteries (on parle de dysenteries des
pays chauds) sont l’objet de discussions. Il y a des dysenteries sensibles à
l’ipéca qui seront rattachées à l’amibiase. Losh a découvert l’amibe à
Pétrograd en 1872, Koch a établi les relations entre les ulcérations coliques
et l’amibe en 1883, et Kelsh et Kiener
la relation entre les dysenteries et l’abcès tropical du foie en 1889. Mais, le
rôle de l’amibe est discute : sa découverte trop fréquente, aussi bien
chez l’homme sain que chez l’homme malade, fait mettre en doute son rôle
pathogène. Calmette insiste sur le rôle joué par les microbes : il a isolé
à l’Institut Pasteur de Saigon un pyocyanique. Le premier cas de dysenterie
bacillaire, du au bacille de Shiga (Shiga l’a isolé en 1898), ne sera rapporté
à Hanoi qu’en 1911.
2.4. Le trachome
Connu en Europe à la fin du XVIII éme siècle à la suite de
la campagne d’Egypte, le trachome est de diagnostic clinique. C’est la principale cause de
cécité en Indochine. Le rôle des mouches est suspecté. La conjonctivite
purulente blennorragique, la variole et la lèpre sont les autres causes de
cécité.
D’autres maladies infectieuses cosmopolites, dont les agents
étiologiques sont déjà isolés, sont
fréquemment rapportées en Indochine : le tétanos, la blennorragie, la fièvre typhoïde souvent confondue avec le paludisme,
la diphtérie.
Certaines sont plus spécifiques, comme l’ulcère phagédénique
ou plaie annamite.
3. Les maladies nutritionnelles
3.1. Le béribéri
C’est la grande carence nutritionnelle en Asie. On en ignore
encore en 1902 la nature. C’est une maladie de la famine, de la misère. Elle est
observée dans les collectivités, en particulier dans les prisons. L’exemple du
pénitencier de Poulo Condor, situé en pleine mer à 100 milles du Cap
Saint-Jacques, est éloquent. Une épidémie de béribéri a en 1897-1898 littéralement vidé le bagne. Cinq cent cinquante détenus sont décédés du 1 octobre
1897 au 31 décembre 1898, dont 405 de béribéri. La mortalité est de 671/1000.
L’alimentation défectueuse est suspectée : le béribéri
atteint les détenus indigènes, mais ni les détenus européens, ni les gardiens
indigènes. De plus, les détenus indigènes détachés comme boys ou employés du bagne
(pêche, ateliers) ne sont pas atteints.
L’alimentation des prisonniers consiste en 800 gr de riz et
200 gr de poisson salé par jour, plus deux jours par semaine 100 gr de légumes
verts et 250 gr de viande de porc. En fait ce supplément n’est servi que 2 fois par mois.
Le riz n’est pas incriminé, mais une alimentation avec
vivres frais, légumes verts, condiments, fruits est recommandée à
l’administration pénitentiaire.
3.2. La diarrhée de Cochinchine
La diarrhée de Cochinchine, diarrhée chronique et tenace,
était connue comme une entité distincte
de la dysenterie des pays chauds. C’est la sprue des Anglais, nom donné par
Manson en 1880 à Amoy (concession française en Chine).
Est-ce une maladie par carence ? En fait, on n’en
connaît pas la cause, mais sa guérison par l’acide folique seule fera évoquer
pendant quelque temps une origine nutritionnelle.
4. Les drogues
Parmi
les drogues, la première place revient en 1902 à
l’opium. Il fait autant de ravages que l’alcool en
Occident. L’opium a été introduit en Chine en
1757 par la Compagnie
anglaise des Indes Orientales. En 1796,
l’Empereur Keaking a interdit l’importation et fait défense aux Chinois de
fumer l’opium, mais sans effet… En 1839, des navires anglais chargés d’opium,
stationnés dans la rivière de Canton, ont été arraisonnés par les Chinois et
l’opium jeté à la mer. Ceci déclenche la
guerre de l’opium. La Chine, vaincue en 1842, est contrainte de céder à
l’Angleterre Hongkong, d’indemniser les contrebandiers anglais et d’ouvrir
quatre nouveaux ports au trafic de l’opium : la Chine est condamnée à fumer l’opium.
L’opium fumé en
Indochine est entièrement importé: 50 à 60 000 kgs en provenance d’Inde, 250
000 kgs de Chine. Un des principaux centres de production d’opium en Chine est
la province du Yunnan qui fournit
l’Indochine.
Les conséquences de la consommation d’opium sont
désastreuses pour l’individu et la société :
- déchéance et abrutissement de l’individu,
- misère de la famille,
- augmentation du taux des crimes et des délits,
- famine : la culture du pavot se substitue à celle du
riz et du froment, moins rémunératrice.
Les pays dits
civilisés sont indifférents ou complices : l’opium rapporte. En 1899,
le monopole de l’opium est réorganisé par l’administration française, car
l’opium fournit le 1/3 des revenus de l’Indochine.
La prévention peut se faire par :
- désintoxication lente avec produits de remplacement :
pilules de chandoo (opium de pipe), injections de morphine, avec risque de
morphinomanie, beaucoup plus pernicieuse que l’usage de la pipe d’opium,
- désintoxication brutale calquée sur la cure de
démorphinisation sous surveillance médicale,
avec risque de rechutes.
5. On citera pour terminer la sérumthérapie des envenimations
ophidiennes découverte
par Calmette à l’Institut Pasteur de Saigon en 1891, l’antivenin étant obtenu
selon les mêmes principes que les sérums développés à partir des toxines
microbiennes.
L’Ecole de Médecine d’Hanoi était destinée à pourvoir
l’Indochine de médecins asiatiques avec deux objectifs :
- la formation, selon un système qui avait fait ses preuves
à l’Ecole de Médecine de Pondichéry depuis 1863 et plus récemment en 1898 à
l’Ecole de Médecine de Tananarive,
- la contribution aux recherches
scientifiques, jusque là dépendantes en Indochine des Instituts Pasteur.
Les médecins, au sortir de l’Ecole,
seront affectés dans les différentes formations de l’Assistance Médicale
Indigène et feront de la médecine de masse à orientation délibérément
préventive. Les grandes endémies seront en partie jugulées. Si les nouvelles
découvertes resteront le fait des Instituts Pasteur, elles seront toujours
orientées vers l’amélioration de la santé publique, finalité principale des
travaux de Pasteur.
L’Ecole de Médecine d’Hanoi a rapidement évolué. Le
30 août
1923,elle a été érigée en Ecole de Plein
Exercice de Médecine et de Pharmacie,
rattachée à la Faculté de Médecine de
Paris. En 1941, elle deviendra Faculté de
Médecine à part entière, détachée de
Paris. En 1947, a été créée la
Faculté de
Médecine de Saigon. Les enseignants français ont
contribué de 1902 à 1956 à la formation des médecins vietnamiens. Le dernier
Doyen français a été le Médecin Général Pierre Huard qui joua un rôle impotent
dans les négociations franco-vietnamiennes après Dien Bien Phu.
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Cet article est tiré de la lecture du Compte-rendu du
Congrès Colonial français du 29 mai au 05 juin 1904, Section de Médecine et
d’Hygiène coloniales et des Annales d’Hygiène et de Médecine Coloniales, créées
en 1898.
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