DU de Médecine
Tropicale des Pays de l’Océan indien
Contrôle de
connaissances du 03/06/2005
Question n°1
Au
cours d’une mission humanitaire à
Toliara (Madagascar), un jeune malgache âgé de 16 ans se présente à
votre consultation pour des lésions dermatologiques non prurigineuses des
membres inférieurs. Ces lésions évoluent depuis environ 4 mois.
L’adolescent
est en bon état général. Il présente au niveau des faces antérieures et
postérieures des deux cuisses des placards hypochromiques à bordure nette.
La
recherche des sensibilités tactile, douloureuse et thermique objective une
anesthésie totale des lésions cutanées.
L’examen
neurologique systématique des troncs nerveux montre un gros nerf cubital à
droite et un déficit sensitivomoteur au niveau des 4ème et 5ème
doigts de la main droite.
Le
reste de l’examen est sans anomalie.
1-
Quel diagnostic évoquez-vous ?
2-
Bien que le diagnostic soit évident, quels sont les examens complémentaires qui
vous semblent utiles pour le confirmer ?
3-
Quelles sont les complications à redouter ?
4-
Quelle est la conduite à tenir ?
5-
Y a-il une prévention de cette maladie ?
Réponses
1-Le
diagnostic de lèpre est évident :association de lésions hypochromiques et
d’une neuropathie cubitale, anesthésie au niveau des lésions. Il s’agit d’une
lèpre tuberculoïde TT : lésions hypoesthésiques à bordure nette.
La
prévalence de la lèpre à Madagascar était de 3,36 / 10 000.
2-
Dans les pays d’endémie, comme Madagascar, il n’est pas possible d’avoir un
examen antomo-pathologique. Par contre, un examen bactériologique est
réalisable. La recherche de BAAR dans le mucus nasal est ici négative (forme
paucibacillaire). Le diagnostic repose
sur l’aspect clinique des lésions cutanées et l’existence d’une hypertrophie
des nerfs.
3.
Les complications à redouter sont essentiellement neurologiques. L’atteinte des
nerfs entraîne les troubles trophiques et les lésions osseuses.
4.
Les modalités du traitement polychimiothérapeutique (PCT), recommandé par
l’OMS, dans la forme paucibacillaire PB est la rifampicine (600 mg par mois) +
dapsone (100 mg par jour) poursuivi pendant 6 mois (dose adulte). La
surveillance est essentiellement neurologique.
5-
La prévention repose sur le dépistage et la PCT précoces (forme multibacillaire
MB). Le BCG seul fait avant 15 ans a un effet protecteur inconstant.
___________________________________________________________________
Question n°2
Un homme de 42 ans, domicilié à La Réunion, est
hospitalisé au Centre Hospitalier de Saint Denis pour un état fébrile brutal
à 40°C. Il présente des douleurs
diffuses (céphalées rétro-orbitaires,
myalgies, arthralgies) et une asthénie très
marquée.
Il
revient d’un voyage de 21 jours à
Bangkok. Il n’a pas pris de chimioprophylaxie antipalustre.
A
l’examen, le malade est conscient. Il n’y a pas de syndrome méningé. La TA est
à 128/76 mm Hg, le pouls à 116 par mn.
On
note quelques rares pétéchies aux extrémités des membres inférieurs. Il n’y a
pas d’éruption cutanée.
Il
n’y a pas de splénomégalie, pas d’adénopathies, mais une hépatomégalie sensible
avec une flèche hépatique à 14 cm sur la ligne mamelonnaire. Il n’a pas
d’anomalie à l‘auscultation pulmonaire ou cardiaque. Les articulations sont libres.
Bilan
paraclinique
NFS :
globules blancs à 5 000 /mm3, 54% de lymphocytes, plaquettes à 41 000/mm3.
Taux d’hémoglobine à 13,7 g/dl.
Taux
de prothrombine à 76%.
VSH :
56 mm à la première heure. CRP à 30,9 mg/l.
ASAT
à 146 UI/l, ALAT à 132 UI/l.
Frottis
sanguin, goutte épaisse, QBC négatifs
Radiographie
thoracique et ECG normaux.
1-
Quel(s) diagnostic(s)
évoquez-vous ?
2-
Comment confirmer le
diagnostic le plus probable ?
3-
Quelle surveillance
allez-vous effectuer ?
4-
Quel(s) traitement(s) proposez-vous ?
5-
Quelle est la
prophylaxie de cette maladie ?
Réponses
1-Il
faut éliminer un accès palustre simple chez ce voyageur négligent, une fièvre
typhoïde, bien que certains signes classiques soient absents (diarrhée, pouls
dissocié, splénomégalie, …).
En
fait, compte-tenu de la destination géographique de ce voyageur (sud-est
asiatique), du caractère algique de la fièvre et de la présence d’un purpura
pétéchial, il faut évoquer une arbovirose et en premier lieu une dengue, dans
sa forme classique ou dans une forme
potentiellement sévère dite forme hémorragique.
2-
La sérologie de la dengue confirme le diagnostic : détection d’IgM
spécifiques dans le sérum prélevé à l’entrée.
3-
La dengue hémorragique est caractérisée par des manifestations hémorragiques
cutanées, muqueuses ou viscérales. On note sur le plan biologique une
thrombopénie profonde, une chute du taux de prothrombine, une hyper
transaminasémie, une élévation de l’hématocrite.
On
note dans l’observation rapportée un purpura pétéchial très limité, l’absence d’hémorragies
digestives, une thrombopénie à 41 000/mm3, un taux de prothrombine à 70%. Il
n’y a pas de signe patent de gravité. Il faut rechercher l’apparition de
nouveaux signes hémorragiques (gingivorragies, examen du fond d’œil), faire un
signe du lacet, suivre la cinétique de la thrombopénie, du taux de prothrombine
et de l’hématocrite( résultat à l’entrée non fourni dans l’observation).
Il
faut contrôler matin et soir température, pouls et TA)
4-
Le traitement est symptomatique. Il repose sur les antalgiques et les
antipyrétiques (à l’exclusion de l’acide acétylsalicylique).
5.
Il n’y a pas de vaccin. La prévention consiste à se protéger des piqûres de
moustiques du genre Aedes.