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LARVA MIGRANS CUTANEE

                 

                    

Larva migrans cutanée  ou larbish

Texte rédigé par le Pr. Pierre Aubry- 04/02/2002

 

 

1. Généralités. La larva migrans cutanée (LMC), encore appelée larbish,  creeping disease, dermatite vermineuse rampante, pseudomyiase rampante, ver chien (créole)… prédomine largement en zone tropicale :Amérique intertropicale, Afrique noire, Madagascar, Afrique du nord, sous-continent Indien, Sud-est Asiatique, Australie.

 

1.       Epidémiologie

La LMC est transmise à l’homme par les ankylostomes de chien (Ankylostoma. braziliense) ou de chat (A . caninum) ou d’autres mammifères. Le sol est contaminé par les fèces des animaux contenant de très nombreux œufs. Ceux-ci donnent naissance à des larves L1-L2-L3. Des conditions particulières : terrain sablonneux, ombre, humidité, température à 25° en surface permettent la survie des larves. La larve L3 pénètre dans la peau humaine. Elle ne franchit pas le derme et avorte : c’est une impasse parasitaire. Tout contact de la peau avec la terre souillée entraîne la contamination : fréquentation de plages, jeux dans le sable, activités agricoles, de jardinage, sportives…

 

2.       Clinique : la LMC ankylostomienne à A. braziliense.

La pénétration de la larve entraîne un prurit, un érythème, une éruption papuleuse, survenant dans les heures qui suivent la pénétration, durant 24 à 48 heures. Deux à 4 jours après,  apparaît un sillon de quelques cms de long sur 2 à 3 mm de large. Ce sillon est serpigineux, en zig-zag. Plusieurs sillons peuvent s’enchevêtrer. Ils siégent aux points de contact avec le sol : pieds (espaces interdigitaux), mains, fesses, coudes, genoux, épaules, dos,…Le sillon avance de quelques cms par jour. Le prurit est constant, limité aux zones lésées. L’évolution est bénigne et spontanément abortive en 2 à 8 semaines, par mort in situ de la larve. Des complications sont rares : surinfection due au grattage, aux manipulations.

 

3.Diagnostic. Il  est avant tout clinique. L’éosinophilie sanguine est inconstante. La biopsie cutanée est inutile, la larve étant « en avance » sur la lésion et n’étant donc pas observée. Le diagnostic différentiel se pose avec :

  • la larva  currens due à des larves S. stercoralis  ou d’autres espèces d’anguillules (S. fulleborni).La lésion avance vite, de quelques cms par heure : « le parasite court ». Le sillon siége dans la partie inférieure du corps (localisation péri-anale). L’éosinophilie est élevée. On trouve les larves d’anguillules dans les selles. 
  • la loase due aux FA de Loa-loa

 

D’autres affections évoquent un syndrome de  larva migrans cutanée (SLMC). On retiendra:

§         la myiase cutanée linéaire rampante à Gasterophilus spp., parasite du cheval. Le passage des larves se fait du cheval à l’homme par contact direct. La larve pénètre la peau et migre au niveau du visage, du tronc, des membres. Elle entraîne une tuméfaction au niveau du point de pénétration, puis un érythème linéaire prurigineux de 2 à 10 mm de large, progressant de plusieurs cms par jour. Elle évolue spontanément vers la guérison.

§         la dermatite cercarienne. Elle est due à la pénétration, puis à la présence dans la peau de l’homme de cercaires de schistosomes d’animaux., en particuliers  de canards (Trichobilharzia. ocellata). L’homme se contamine au contact de l’eau : c’est la dermatite des nageurs (swimmer’s itch). Les mollusques sont des hôtes intermédiaires obligatoires. C’est une maladie des zones tempérées et même froides. Elle entraîne prurit intense 10 à 20 minutes après la pénétration cutanée et des macules de 1 mm de diamètre. La notion de bain infectant aide au diagnostic.

 

Le contexte de survenue de ces SLMC sont totalement différents du larbish.

 

4.Traitement de la LMC.

Il faut traiter la LMC, car l’errance des larves peut durer plusieurs mois, avec le risque de surinfection par grattage. Le traitement  repose classiquement sur  le thiabendazole (MINTEZOLâ)  per os : 50 mg/kg/j. pendant 4 jours et localement (suspension buvable mise sur la peau) 3 à 4 fois par jour pendant une semaine. Actuellement , on recommande le traitement radical par ivermectineen prise unique de 12 mg.

 

6. Prophylaxie de la LMC. Il faut éviter tout contact avec la terre souillée, ce qui est impossible en zones tropicales.

 

 

Référence

Dei Cas E. Larva migrans. Encycl. Med. Chir., Maladies infectieuses, 8-518-A-10, 1996. 16 p.

 

Iconographie

Cycle de A. braziliense