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INFECTION A VIH EN AFRIQUE- ACTUALITES 2000

 

La lettre d’information du diplôme et de la capacité de médecine tropicale des pays de l’océan indien

N° 19. Mars 2010

 

Cette lettre traite de l'infection à VIH/Sida à partir des rapports de l'OMS de fin 2009. Elle comporte 4 tableaux qui sont brièvement commentés.

 

Tableau I – Statistiques mondiales décembre 2009

 

Nombre de PVVIH en 2008

                                Total : 33,4 millions (31,1 – 35,8)

                                 Adultes : 31,3 (29,2 – 33, 7)

                                 Femmes : 15,7 (14,2 – 17,2)

                                 Enfants < 15 ans : 2,1 (1,2 – 2,9)

Nombre de nouvelles infections par le VIH en 2008

                                Total : 2,7 millions (2,4 – 3,0)

                                 Adultes : 2,3 (2,0 – 2,5)

                                 Enfants <15 ans : 430 000 (240 000 – 610 000)

Nombre de personnes décédées du sida en 2008

                                Total : 2,0 millions (1,7 – 2,4)

                                 Adultes : 1,7 (1,4 – 2,1)

                                 Enfants < 15 ans : 280 000 (150 000 – 410 000)

 

Commentaires : en 1981, les premiers cas de sida ont été décrits aux Etats-Unis d’Amérique, vingt-huit ans après, la situation reste préoccupante, même si le pourcentage mondial des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) tend à se stabiliser, voire à diminuer. Le nombre de nouvelles infections a, en effet, diminué de 17% depuis 2001, en particulier en Asie de l'Est (chute de 25%), en Afrique (15%), en Asie du sud et du sud-est (10%). Le nombre de décès lié au sida a été réduit de 10% au cours des 5 dernières années.

 

Tableau II - Statistiques régionales décembre 2008

 

 

 

 PVVS

(adultes et enfants)

 

 

Nouvelles Infections

 (adultes et enfants)

 

Prévalence     adultes

 

Décès dus au sida (adultes et enfants)

 

Afrique subsaharienne

 

 

       22 400 000

 

 

           1 900 000

 

 

    5,2%

 

   

      1 400 000

 

 

Afrique du Nord et Moyen Orient

 

 

            310 000

          

 

               35 000

 

 

     0,2%

 

    

           20 000

          

 

Asie du sud et du sud-est

 

 

        3 800 000

 

   

            280 000

          

 

     0,3%

    

   

         270 000

 

 

Asie de l’Est

 

 

           850 000

 

    

             75 000

 

 

   < 0,1%

 

     

          59 000

         

 

Océanie

 

  

             59 000

 

   

              3 900

 

 

      0,3%

 

    

            2 000

 

 

Amérique latine

 

 

        2 000 000

 

    

         170 000

 

 

     0,6%

 

    

           77 000

             

 

Caraïbes

 

 

          240 000

            

   

           20 000

              

 

     1,0%

 

       

           12 000

 

 

Europe orientale et Asie centrale

 

 

           1 500 000

 

    

        110 000

 

 

       0,7%

 

       

                87 000

 

 

Europe occidentale et centrale

 

 

             850 000

 

   

         30 000

 

 

      0,3%

    

     

           13 000

 

 

Amérique du Nord

 

 

           1 400 000

 

    

         55 000

 

 

      0,6%

 

      

        25 000

 

 

Total

 

          33 400 000

      

 

      2 700 000

 

 

      0,8%

 

   

      2 000 000

 

 

Commentaires : l'Afrique subsaharienne reste la région la plus largement touchée par le VIH (prévalence : 5,2%) et représente 67% du total des PVVIH, 68% des nouvelles infections et 72% des décès dus au sida en 2008. Il existe toujours des variations importantes de prévalence du VIH, l’Afrique australe étant la partie du continent la plus touchée (ex. : 25% au Botswana). La prévalence est inférieure à 1% dans chaque pays d’Asie, sauf en Thaïlande où elle est de 1,78. Elle reste stable en Amérique latine à 0,6%.  Les Caraïbes restent la sous-région où l’on observe la prévalence la plus élevée hors d’Afrique (1,0%). L'épidémie est en expansion en Papouasie Nouvelle Guinée qui regroupe 99% des cas des îles du Pacifique

La transmission hétérosexuelle prédomine dans les régions tropicales. Le pourcentage des femmes est de 60 % en Afrique subsaharienne, ce qui explique la fréquence de la transmission de la mère à l’enfant (TME), qui représente 90% des infections à VIH chez l'enfant.

 

Le temps moyen pour que le taux des CD4 passent de 350 à 200/mm3 étant de 3 à 5 ans, période pendant laquelle débutent les infections opportunistes, il faut commencer le traitement chez les patients dès que le taux des CD4 est égal ou inférieur à 350/mm3, quels que soient les symptômes (recommandations OMS de 2009).

Cependant, l'accès aux traitements reste inférieur à la progression de l'épidémie : «à chaque fois que nous commençons à soigner 2 personnes, 5 autres sont infectées».

 

Tableau III - Couverture de la thérapie antirétrovirale en 2008

 

Région géographique

Personnes bénéficiant d’une TAR, déc. 2008

Personnes nécessitant une TAR, 2008

Couverture TAR, déc. 2008

Personnes bénéficiant d’une TAR, déc. 2007

Personnes nécessitant une TAR, déc. 2007

Couverture TAR, déc. 2007

Afrique subsaharienne

2 900 000

6 700 000

44%

2 100 000

6 400 000

33%

Amérique latine et Caraïbes

445 000

820 000

54%

390 000

770 000

50%

Asie de l’est, du sud et du sud-est

565 000

1  500 000

37%

420 000

1 500 000

29%

Europe, Asie centrale

85 000

370 000

23%

54 000

340 000

16%

Moyen-Orient, Afrique du nord

10 000

68 000

14%

7 000

63 000

11%

Total

4 000 000

9 500 000

42%

2 970 000

9 000 000

33%

 

Commentaires : le nombre de malades qui reçoivent une TAR a été multiplié par 10 en 5 ans, 42 % des personnes qui avaient besoin d’un traitement y avaient accès en 2008 (contre 33% en 2007). Mais, les associations d’ARV ne sont que virostatiques et leur maintien permanent est nécessaire pour contrôler la réplication virale. La restauration immunitaire est toujours incomplète.

L'association stavudine/lamivudine/névirapine spécialisée sous le nom de Triomune® est une combinaison fixe générique qui associe deux INTI (stavudine/lamivudine) et un INNTI névirapine) : elle favorise l'observance, mais la stavudine présente à long terme une toxicité cumulative qui n’est pas réversible (neuropathie périphérique, lipoatrophie) et ne devrait plus être considérée comme le traitement de choix en première intention.

Les recommandations 2009 de l’OMS soulignent le rôle accru du suivi biologique. Cependant, à l’exception des CD4+, les examens de laboratoire pour surveiller les effets des ARV ne sont pas indispensables et le traitement par les ARV ne doit pas être refusé si les analyses du suivi ne sont pas encore disponibles.

 

La prévention de la transmission mère-enfant (PTME) a fait l'objet de recommandations de l'OMS en novembre 2009.

 

Tableau IV - Les 2 options de la prévention de la transmission mère-enfant

 

Option 1 : Prophylaxie par AZT chez la mère

Option 2 : Traitement par 3 ARV chez la mère

Mère

Mère

- AZT débuté dès la 14ème semaine de gestation

+ Névirapine (NVP) au début du travail*

+ AZT+3TC pendant le travail et la délivrance*

+ AZT+3TC pendant les 7 premiers jours du post-partum*

* NVP et AZT+3TC peuvent être « omis » si la mère reçoit depuis plus de 4 semaines de l’AZT

3 ARV dès la 14èmesemaine de gestation jusqu’à une semaine après la fin de l’allaitement

- AZT+3TC+LPV/r

- AZT+3TC+ABC

- AZT+3TC+EFV

- TDF+XTC+EPV

Enfant

Enfant

Si allaitement maternel :

NVP tous les jours, de la naissance jusqu’à une semaine après la fin de l’allaitement (en pratique 6 mois)

 Pas d’allaitement maternel :

AZT ou NVP pendant 6 semaines

Si allaitement maternel

NVP tous les jours, de la naissance à six semaines

 

Pas d’allaitement maternel

AZT ou NVP pendant 6 semaines

 

Commentaires : la PTME doit commencer dès la 14ème semaine de grossesse. L'option A basée sur la prise d'AZT par la mère et de NVP chez l'enfant est à privilégier dans les PED, du moins si le taux des CD4 chez la mère au moment du dépistage est supérieur à 350/mm3.

La TME a chuté à 0,6% dans les pays industrialisés en associant aux ARV l’interdiction d’allaiter. Mais, dans les PED, l'enfant qui n'est pas allaité est plus vulnérable à d'autres infections. Aussi, l'OMS recommande l'allaitement maternel total pendant 6 mois, sous prévention par ARV soit de l'enfant par la NVP (option A), soit de la mère par 3 ARV (option B). La TME doit chuter à moins de 5%.

 

Professeur Pierre Aubry. Texte rédigé le 26 mars 2010.