Contrôle
de connaissances du 25 octobre 2003 et corrigés
Sessions :
La Réunion, Bordeaux, Windhoek
Observation ½
Un homme de 25 ans, coopérant allemand
à Mahajunga (Madagascar) depuis 9 mois, en vacances à l’Ile de La Réunion,
consulte aux urgences du CHD Félix Guyon à Saint Denis, pour des accès fébriles
pluriquotidiens avec frissons évoluant depuis 5 jours.
L’examen note une température à 39,5°C,
un pouls régulier à 110 mm. L’examen de l’abdomen met en évidence un hypocondre
droit douloureux à la palpation et une hépatomégalie douloureuse (flèche hépatique à 14 cm). La manœuvre de l’ébranlement déclenche une
douleur vive de l’hypocondre droit.
Il a présenté plusieurs épisodes
diarrhéiques (selles liquides non glairo-sanglantes) depuis 9 mois. Son transit
intestinal est actuellement normal.
Il est vacciné contre les hépatites à
virus A et B et contre la fièvre typhoïde.
Il ne prend pas de chimioprophylaxie
antipaludique.
Examens paracliniques :
- VSH : 70 mm à la première heure,
CRP à 168 mg/l ;
- NFS : Globules blancs : 14
400/mm3 avec 80% de polynucléaires neutrophiles ; plaquettes : 330
000/mm3 ;
- Frottis sanguin : absence de
parasites sanguicoles ;
- Echographie
hépatique : présence de trois zones hypoéchogénes de plus de 5 cm de
diamètre au niveau du lobe droit.
Questions :
1- Quel
diagnostic évoquez-vous ?
2- Quels examens
paracliniques demandez-vous pour confirmer le diagnostic ?
3- Quel(s)
traitement(s) prescrivez-vous ?
4- Quelle
évolution en attendez-vous ?
Réponses :
1- Un seul
diagnostic : c’est une hépatomégalie douloureuse et fébrile , mode de
présentation habituel de l’amibiase hépatique. Un accès palustre a été éliminé
par le frottis sanguin négatif.
2- Diagnostic
affirmé par la sérologie de l’amibiase : demander deux techniques
complémentaires : IFI + HAI.
Quelle est
l’utilité d’autres examens complémentaires ? La tomodensitométrie est
inutile, elle ne fait que préciser les images échographiques ; l’examen
parasitologique des selles est demandé : il sera, à priori, négatif
3- Nitro-imidazolés
(FLAGYLâ :40
mg/kg pendant 10 jours), suivi d’une cure d’amoebicide de contact (INTETRIXâ 4 gélules
pendant 10 jours)
4- Evolution à
priori favorable, jugée sur la clinique (fièvre, douleur), la biologie (VSH,
CRP, NFS). La normalisation de l échographie n’est pas attendue avant
plusieurs semaines et la disparition des anticorps avant plusieurs mois.
Une ou des ponctions
évacuatrices ne seraient pratiquées, dans le cas présenté, que si on note
l’absence d’amélioration au bout de 72 heures.
Observation
2/2
Au
cours d’une mission humanitaire à Anjouan, un homme de 51 ans se présente
à votre consultation. Il est porteur d’un éléphantiasis des membres supérieur
et inférieur gauches, ainsi que des organes génitaux externes. Il présente
depuis plusieurs mois une chylurie intermittente isolée, sans dysurie, sans
hématurie microscopique. A l’examen, vous êtes en présence d’un homme en bon
état général, apyrétique. Le bras et la jambe gauches sont hypertrophiés et le
siége d’une pachydermie. La pression digitale ne donne pas le signe du godet et
est indolore. L’aspect des téguments n’est pas inflammatoire, mais le patient
dit que cet état s’est constitué progressivement à la suite d’épisodes
lymphangitiques aigus. Il n’est pas noté d’adénopathies au niveau des aires inguinales
ou axillaires, ni de varices lymphatiques ou veineuses.
Examens
paracliniques :
-
NFS : Globules rouges : 4 250 000/mm3, Hb : 12,5, Ht :
36,3% ; Globules blancs : : 7 600/mm3, dont 13% de polynucléaires
éosinophiles ; plaquettes : 350 000/mm3 ;
-
VSH : 28 mm à la première heure ;
-
Frottis sanguin : absence de parasites sanguicoles ;
-
Créatininémie : 12 mg/l ;
-
Examen des urines : diurèse : 800ml/ 24 h ; protéinurie: 1,2 g
/24 h ; lipurie : 4,7
g/l. ; cyto-bactériologie des
urines : nombreuses hématies, leucocytes en nappe
(polynucléaires et lymphocytes), nombreuses
cellules épithéliales ; absence de
parasites ;
-
Radiographie pulmonaire : ITN ;.
-
Echographie abdominale normale. Echographie testiculaire : hydrocèle
bilatéral.
Questions :
1-
Quel diagnostic faut-il
évoquer ?
2-
Quels sont les examens
complémentaires à réaliser pour confirmer le diagnostic (en tenant compte
des possibilités locales) ?
3-
Quelle est la conduite à
tenir sur le plan thérapeutique ?
4-
Quelle est la prophylaxie de cette affection
Réponses :
1- Le tableau
associant éléphantiasis des membres et du scrotum, hydrocèle bilatéral,
chylurie, hyperéosinophilie sanguine en zone d’endémie (Comores) est celui
d’une filariose lymphatique au stade chronique.
2- Redemander la
recherche de microfilaires sanguicoles ( mf de Wuchereria bancrofti à
périodicité nocturne) et dans les urines. Elle est souvent négative au stade
chronique. Demander une sérologie filarienne (ELISA). La recherche par ELISA de
l’antigène OG4C3 nécessite un laboratoire spécialisé.
UIV et
lymphographie par ponction bi-pédieuse sont utiles en cas de manifestations
génito-urinaires.
3- Traitement
médical : ivermectine (MECTIZANâ, SROMECTOLâ 200 µg/kg en prise unique). La diéthylcarbamazine ou DEC
(NOTEZINEâ) est en
pratique abandonnée du fait de ses effets secondaires. L’albendazole (ZENTELâ) est une
alternative (400 mg 2 fois par jour pendant 21 jours). Il ne sera pas fait sur
place de traitement chirurgical
4- Lutte
antivectorielle ; traitement de masse par ivermectine : 300 à 400
µg/kg toutes les 12 mois. A noter qu’aux Comores, c’est l’association DEC +
albendazole qui est utilisée.