Contrôle de connaissances du 14 octobre 2005
Observation n° 1
Un homme de 40 ans, de nationalité malgache, cultivateur,
habitant dans un village proche d’Antananarivo, est admis en urgence à l’HJRA,
hôpital universitaire de la capitale malgache, pour une hémorragie digestive.
Il travaille dans les rizières depuis son enfance. Il n’a pas d’antécédent
pathologique. Il ne consomme pas d’alcool.
A l’examen clinique, on note une pâleur
conjonctivale, une hépatomégalie avec une flèche hépatique à 15 cm, une splénomégalie
de stade 2. Il existe une circulation collatérale. Il n’y a pas d’ascite.
Le reste de l’examen clinique est
normal ;
Examens paracliniques :
Numération formule sanguine :
globules rouges : 2 400 000/mm3, taux d’hémoglobine : 6,8 g/dl,
VGM : 82 µ3, globules blancs : 3 000/mm3, polynucléaires
neutrophiles : 65%, éosinophiles : 5%, lymphocytes : 30%,
plaquettes : 95 000/mm3.
Bilan hépatique : bilirubinémie
totale : 15 µmol/l ; transaminases : TGO : 22 UI/l,
TGP : 30 UI/l ; phosphatases alcalines : 60 UI/l ; taux de
prothrombine : 100% ; protides totaux : 72 g/l, électrophorèse
des protéines sériques : albumine : 57%, gamma-globulines : 18%.
Antigène HBs : négatif, anticorps
anti HBc de type IgG : positif.
Endoscopie digestive haute :
varices œsophagiennes, pas d’hémorragie active
Echographie abdominale :
épaississement des parois des vaisseaux portes
Examen parasitologique des
selles : négatif
Biopsie de muqueuse
rectale (examen au microscope optique à l’état frais entre lame et
lamelle) : présence d’œufs
ovalaires, de 115-175 µm, à éperon
latéral.
1- Quel(s) diagnostic(s)
évoquez-vous ?
2- D’autres examens complémentaires
sont utiles pour confirmer votre diagnostic ?
3- Quelles sont les deux complications
majeures de cette maladie ?
4- Quel(s) traitement(s)
prescrivez-vous compte tenu des conditions locales ?
5- Quelle est la prophylaxie de cette
maladie ?
Réponses
1. Il s’agit
d’une hépatopathie avec hypertension portale chez un patient vivant en zone
d’endémie bilharzienne à Schistosoma
mansoni. Le diagnostic est affirmé par la découverte d’œufs de S. mansoni à la BMR (œufs à éperon
latéral). Il s’agit d’une bilharziose hépatique.
2. La ponction
biopsie hépatique n’est pas indispensable, l’échographie abdominale permettant
de classer l’atteinte hépatique en trois stades suivant l’épaisseur des parois
des vaisseaux portes (épaisseur non précisée dans l’observation). La sérologie
n’a pas ici d’intérêt diagnostique.
3. Les deux
complications majeures de la bilharziose hépatique sont :
-
l’hypertension portale,
-
l’hypersplénisme (et la pancytopénie)
4. Le
traitement repose sur le praziquantel à la dose de 40 mg/kg en une seule prise
(action schistosomicide + action supposée sur la fibrose hépatique).
Le traitement
de l’HTP nécessite des techniques lourdes d’anastomose porto-cave, difficiles à
mettre en œuvre dans les conditions locales
5. La prophylaxie
repose sur la lutte contre le péril fécal, le traitement préventif des groupes
à risque par le praziquantel en zone d'endémie.
Observation n°2
Au cours d’une mission humanitaire que vous effectuer en
Grande Comores pour une épidémie de choléra, une mère présente son nourrisson
âgé de 14 mois à votre consultation. Cet enfant est sevré depuis 2 mois. Il
présente une diarrhée liquidienne glairo-sanglante évoluant depuis 10 jours.
A l’examen, le poids est de 7 300
g ; la température à 38,2°C, le pouls à 95/mn, la TA à 90/50 mmHg.
Le pli cutané est franc, les yeux
excavés, la langue rôtie.
Il n’y a pas de foyer infectieux
cliniquement décelable (méningé, pulmonaire, ORL).
Examens paracliniques :
Goutte épaisse ; négative
Numération formule sanguine : taux
d’hémoglobine : 10 g/dl, leucocytes : 9 000/mm3.
Examen parasitologique des
selles : kystes de Giardia
intestinalis
Coproculture : demandée, résultats
en attente.
1- Quelle est
votre démarche diagnostique ?
2- Quelles sont
les étiologies les plus fréquentes des diarrhées invasives de l’enfant en zone
tropicale ?
3- Quelles sont
les complications les plus fréquentes des diarrhées de l’enfant en zone
tropicale ?
4- Quels traitements
faut-il prescrire ?
5- Quelle est
l’évolution attendue sous traitement ?
Réponses
1. Il s’agit
d’une diarrhée persistante chez un nourrisson en milieu tropical. La démarche
diagnostique comporte trois étapes :
-
la
recherche d’une déshydratation et son évaluation. La perte de poids est estimée
ici à environ 10% du poids du corps. Il s’agit ici d’une déshydratation sévère.
-
La
recherche de l’étiologie. Il s’agit d’une diarrhée invasive, à priori d’origine
bactérienne. Le choléra est éliminé : il cause une diarrhée hydrique
profuse, la giardiase cause au début de
la contamination une diarrhée aqueuse.
-
La
recherche d’une malnutrition : il faut apprécier l’état nutritionnel par
les critères anthropométriques (poids en fonction de l’âge, poids/taille,
périmètre brachial)
2. Les étiologies
les plus fréquentes des diarrhées de l’enfant en zone tropicale sont
bactériennes. Elles représentent plus de 50% des diarrhées, les virus 15 à 25%,
les parasites moins de 15%
3. Les
complications les plus fréquentes des diarrhées de l’enfant sont :
-
la
déshydratation,
-
la
malnutrition proteino-énergétique
4. Les
traitements comportent :
-
une
réhydratation par voie IV dans les quatre premières heures, compte tenu de la
perte de poids de l’ordre de 10% du poids du corps, par un soluté de type
Ringer lactate, suivie, dès que l’état de l’enfant le permet, par une
réhydratation par voie orale par les SRO
-
une
antibiothérapie systématique par cotrimoxazole, associé ici au métronidazone
(action antimicrobienne et antiparasitaire sur Giardia intestinalis )
-
une
renutrition ré introduite chez l’enfant déjà sevré dès le premier jour par des
préparations lactées ou des produits de substitution locaux
5. L’évolutuion
sous traitement est favorable sous réserve de complications immédiates dues à
la persistance de la déshydratation ou, au contraire, à un état
d’hyperhydratation iatrogène fréquent chez le malnutri, et de l’installation à
distance d’une malnutrition protèino-énérgétique.