Les douleurs
articulaires de l’infection à Chikungunya, 9 à 12 mois après le pic épidémique
de 2005-2006 à La Réunion : une enquête de médecine générale.
1Ph. Girard, 2B-A
Gaüzère.
1 55E
chemin des thuyas, 97490 Ste Clotilde, 2,Service de réanimation,
Centre Hospitalier Départemental, 97405, Saint-Denis, Réunion.
Neuf mois après une épidémie
d’infection à virus chikungunya, de nombreux patients allèguent des douleurs
articulaires persistantes, mal soulagées La littérature médicale n’étant pas
très informative quant à l’évolution de cette polyarthrite virale, cette étude
en médecine générale tente de mesurer la prévalence des douleurs résiduelles.
En janvier 2007, dans un cabinet de médecine générale de l’Est de La
Réunion, il a été systématiquement demandé aux consultants et à leurs accompagnateurs s’ils avaient été
infectés par le chik. Après questionnement et confrontation avec le dossier
médical informatique, ont été incluses dans l’étude, les personnes qui ont dit
avoir présenté des céphalées, de la fièvre et des arthralgies entre les mois de
décembre 2005 et avril 2006, en l’absence d’autre étiologie. Ont été
recherchées la persistance de douleurs rhumatologiques attribuée à l’infection,
l’intensité de ces douleurs ou raideurs (par l’échelle visuelle EVA graduée de
0 à 10), la durée de la phase aiguë initiale et le délai avant guérison
complète.
221
personnes ayant vraisemblablement présenté une infection à chik ont
été incluses : 76 hommes et 145 femmes, sex ratio = 0.52, âge moyen 31.7
ans (± 20,2), extrêmes: 1 - 85 ans. Soixante
douze (31.7%) présentent des douleurs ou raideurs persistantes imputables à un
chik présumé: 20 hommes et 51 femmes, sex ratio= 0.39, âge moyen : 45,3
ans (±17.8), extrêmes : 5-85 ans. Il n’existe pas de différence
significative entre hommes et femmes.
L’intensité
moyenne des douleurs persistantes cotées de 1 à 10 est de 1.52 (± 0.9),
extrêmes 1 à 5. Sept personnes (3.2%) ont décrit des douleurs persistantes
cotées plus de 2.
Cette étude, sans
population témoin comporte des biais et n’est pas représentative de la
population générale, la plupart des patients n’ont pas eu de confirmation
biologique de l’infection à chikungunya et l’imputabilité des douleurs
objectivées 9 mois après les premiers symptômes d’une infection à chikungunya
restant subjective.
Avec ces limites, 9 mois après une infection à
chikungunya, un tiers des personnes présentent des douleurs résiduelles. L’âge
est un critère déterminant dans la persistance de la symptomatologie
douloureuse, car 75 % des enfants de moins de 9 ans guérissent en moins d’une
semaine alors que 75% des personnes de plus de 60 ans présentent encore des
douleurs 9 mois après l’infection. La
persistance de douleurs apparaît également bien corrélée à la longueur de la
durée de la phase aiguë de la maladie. Ainsi une phase aiguë qui dure plus de
14 jours sera suivie dans 80% des cas de séquelles douloureuses. Les
douleurs sont en général peu invalidantes et les véritables
« polyarthrites » sont plus rares (3.5%) que ne le montrent les
quelques études précédentes.