Surveillance épidémiologique de la Dengue et du
Chikungunya, Ile de la Réunion, 2007-2008
E. Balleydier1, P. Renault1, S.
Ragonneau2 , C. Lassalle2, E. D’Ortenzio1
1 Cellule
interrégionale d’épidémiologie Réunion-Mayotte (Cire RM), InVS, St-Denis, La
Réunion
2 Cellule de
veille sanitaire (CVS), Drass Réunion
Introduction et contexte. Une épidémie majeure de dengue aurait touché plus de 30% de la
population réunionnaise en 1977-78 et
une épidémie de plus faible ampleur (228 cas) est également survenue en 2004.
Une épidémie majeure de chikungunya (2005-2006) a touché près de 40% de la population
réunionnaise en 2005-2006. Actuellement, l’île est en situation
inter-épidémique vis-à-vis de ces deux arboviroses. L’objectif de ce travail
est de décrire le système de surveillance de la dengue et du chikungunya à la
Réunion et d’en exposer les principaux résultats pour 2007 et 2008.
Méthode. Le système de
surveillance épidémiologique mis en place à la Réunion en inter-épidémie se
base sur le signalement, par les laboratoires, des résultats biologiques
compatibles avec une infection récente de chikungunya ou de dengue.
Ce signalement précoce déclenche
une intervention systématique du service de lutte anti-vectorielle (LAV).
L’investigation sur le terrain du cas signalé permet le recueil de données
épidémiologiques, la recherche d’éventuels cas suspects secondaires ou
co-primaires dans l’entourage, mais aussi de localiser précisément les foyers
de transmission, de rappeler les messages de prévention et d’appliquer des
mesures de lutte anti vectorielle ciblées. Une analyse descriptive hebdomadaire
des données est réalisée par la Cire RM avec rétro-information mensuelle ou
hebdomadaire en cas d’alerte.
Résultats
Chikungunya. Du 19/04/2007 (officialisation de
l’inter-épidémie) au 04/10/2008, aucun signalement biologique de chikungunya ne
correspondait à la définition de cas confirmé. Par contre, 3 et 6 cas probables
ont été respectivement identifiés en 2007 et 2008 sans regroupement
temporo-spatial.
Dengue. En 2007, parmi 87 signalements enquêtés, 28 (32%)
répondaient à une des définitions de cas : 2 confirmés et 26 cas
probables, tous autochtones. Un regroupement temporo-spatial a été identifié en
mai-juin 2007 dans la commune de Saint-Louis (2 cas confirmés et 5 cas
probables).
Du 1er janvier au 4 octobre 2008, parmi 83
signalements investigués, 35 (42%) répondaient à une des définitions de
cas : 7 cas confirmés et 28 cas probables. Un nouveau foyer de
transmission locale à été identifié, entre mars et mai 2008, toujours dans la commune de Saint-Louis (3
cas confirmés et 6 cas probables). Les 4 autres cas confirmés (hors foyer de
Saint-Louis) sont tous des cas importés : 3 cas proviennent de Thaïlande
(dont 1 RT-PCR typé en DEN-3) et 1 cas du Cambodge.
Discussion. Il ne semble pas persister actuellement de
circulation du virus chikungunya à la Réunion, sans que l’on puisse cependant
définitivement écarter une transmission sporadique à faible niveau. La
transmission probablement essentiellement autochtone, de la dengue se poursuit,
sur un mode sporadique avec un faible niveau de transmission virale.
Ces éléments suggèrent un risque permanent de reprise épidémique de ces
deux arboviroses à la Réunion. Cette situation impose un système de
surveillance réactif et sensible dont l’objectif est de détecter le plus
précocement possible la survenue des cas groupés afin de mettre en œuvre des
actions appropriées dans le but de prévenir une reprise épidémique. Ainsi, la
surveillance biologique de la dengue et du chikungunya actuellement en œuvre à
la Réunion est certainement le moyen de surveillance
épidémiologique le plus adapté à cette situation d’inter épidémie.