Surveillance épidémiologique du chikungunya à la Réunion,
2005-2006.
Danièle Ilef, Philippe Renault, Jean-Louis Solet,
Vincent Pierre, Douda Sissoko. CIRE. Réunion Mayotte.
Saint-Denis. Réunion.
Jusqu’au
19/12/2005, la
surveillance des cas de Chikungunya a reposé essentiellement sur
les
signalements des médecins sentinelles et des laboratoires de
biologie. Chaque
fois qu’un cas était identifié, le service de lutte
anti-vectorielle (LAV) se
rendait au domicile du cas et recherchait de manière active
d’autres cas dans
l’entourage géographique (10 maisons autour du foyer
signalé et élargissement
si d’autres cas étaient repérés). Ces
données étaient communiquées par le LAV à
la cellule Inter régionale d’Epidémiologie (CIRE)
qui assurait le suivi
épidémiologique. A partir de décembre, la LAV
étant débordée par les
signalements n’avait plus la possibilité de cette
recherche active des cas qui
augmentait. La surveillance du nombre de cas s’est donc
effectuée à partir des
seules données du réseau sentinelle, ces données
permettant d’estimer l’ampleur
de l’épidémie en leur appliquant un facteur
multiplicatif issu de l’analyse des
données des mois d’avril mai 2005.
Quand
des formes graves (mettant en jeu au moins une fonction vitale) et
émergentes (formes néonatales,
méningo-encéphalites,…) ont été
signalées, un
système de surveillance de ces formes graves et
émergentes a été mis en place.
Toutes les données n’ont pas encore été
recueillies pour les pathologies
émergentes de l’enfant et de l’adulte. Pour les
formes graves le nombre de cas
signalés était au 17/03/05 de 142, dont 96
confirmés biologiquement. Les formes
materno-néonatales signalées à la même date
était de 39 confirmées
biologiquement. Le nombre de certificats de décès
mentionnant Chikungunya dans
l’une ou l’autre des parties est de 155, dont près
de la moitié à domicile et
40% en partie deux (co-morbidité).
La comparaison des décès
survenus pendant l’épidémie aux décès survenus les mêmes mois en 2002-2003-2004
montre une surmortalité en février et en décembre. Cependant, la surmortalité
observée en décembre bien que statistiquement significative, intervient après
deux mois de sous-mortalité et l’ensemble des décès observés en 2005 est
conforme au nombre de décès attendus.
D’autres
études ont été faites :
- une étude de séroprévalence chez les
femmes enceintes (CIC-CE) a montré un taux de prévalence dans cette population
en semaine 7 à 25%. Pour la même semaine, le taux d’attaque estimé par la
système de surveillance est de 21%.
- dans une enquête Ipsos faite à la même
période, 27% des personnes interrogées déclarent être ou avoir été malades.
Ces travaux permettent de penser que
les formes inapparentes sont peu importantes. Ceci devra être confirmé par une
enquête de séroprévalence en population générale.
En conclusion
- Tendance épidémique en nette
diminution depuis la semaine 5, mais prudence
- Rappel des mesures de protection
individuelle en particulier chez les personnes vulnérables et les malades
virémiques ;
- Poursuite de la lutte communautaire
contre les gîtes larvaires ;
- Importance du signalement de tous les
cas.