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Chikungunya à Mayotte : caractéristiques cliniques et implications pour la surveillance épidémiologique

Chikungunya à Mayotte : caractéristiques cliniques et implications pour la surveillance épidémiologique.

Daouda Sissoko, Philippe Renault, Vincent Pierre

Cellule interreéionale d’épidémiologie (Cire) Réunion- Mayotte, Drass Saint Denis de la Réunion

 

Introduction : l’infection par le chikungunya (CHIK) comme d’autres arboviroses n’est pas toujours symptomatique. De plus, son expression clinique associant souvent la triade fièvre, arthralgies et rash n’est pas spécifique. Dans ces conditions, en particulier dans un pays d’endémicité palustre, le diagnostic définitif d’une infection par CHIK ne peut seulement reposer que sur la confirmation biologique. Toutefois, en période épidémique, cette confirmation systématique de l’infection CHIK demeure impossible.

Objectif : estimer la proportion d’infection CHIK symptomatique et évaluer la performance de la définition de cas clinique de CHIK utilisée pendant l’épidémie de 2005-2006.

Méthodes : du 09 novembre au 27 décembre 2006, une enquête de séroprévalence CHIK a été conduite auprès d’un échantillon représentatif de 1154 résidents de Mayotte âgés de plus de 2 ans. Les données cliniques et les résultats des analyses sérologiques réalisées par l’ELISA IgM et IgG ont été utilisés pour évaluer les performances de la combinaison de signes ou symptômes déclarés par les enquêtés au regard du statut sérologique choisi comme diagnostic de référence.

Résultats : parmi 1154 personnes âgées de 2 à 79 ans, 440 avaient des anticorps anti-CHIK et parmi lesquelles 122 (27,7%) étaient pauci et/ou asymptomatiques. Parmi les personnes infectées, l’infection était symptomatique chez  68% des hommes (143/210) tandis qu’elle l’était chez 76% des femmes (175/230), Chi2 =3,46 ; P=0,061. Par contre, la proportion d’infection symptomatique augmentait avec l’âge, Chi2 de tendance = 9.85, P < 0.001. Parmi les signes cliniques présomptifs de CHIK, l’association fièvre et arthralgies avait une sensibilité de 74% et une valeur prédictive positive de 84%. La prise en compte de tout autre signe clinique présomptif de CHIK en plus de l’association fièvre–arthralgies fait baisser les performances de la définition de cas clinique.

Discussion et conclusion : cette étude montre que le rapport symptomatique/ asymptomatique au cours de l’épidémie CHIK à Mayotte a été de 3 :1 . En période épidémique, une définition de cas clinique reposant uniquement l’association fièvre arthralgies demeure la plus performante. Ces éléments sont à prendre en compte pour élaborer la définition de cas nécessaire au suivi d’une épidémie CHIK en l’absence de confirmation biologique systématique.