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L’épidémie  de choléra aux Comores : situation au 30 septembre 2002

Nivoix1 Ph, Merzouki2 D, Durasnel2 Ph, Gaüzère3 B-A. 1Service de Santé Militaire, 2Service de réanimation, CHR El-Marouf, Moroni, Grande Comore, 3 Croix Rouge Française (Réunion).

 

 

Contexte. Depuis 3 décennies, le choléra s’étend à tous les pays d’Afrique de l’est. Les Comores ont connu plusieurs épidémies (1975, 1998, 1999) et une nouvelle épidémie (Vibrio cholerae O1 biotype El Tor, sérogroupe Ogawa) est en cours depuis fin décembre 2001, à partir d’un cas importé de Zanzibar. Au 15 mars 2002, plus de 500 cas était signalés avec un taux de létalité de 4 %. La plupart des décès étaient intra-hospitaliers, témoignant d’un défaut majeur de prise en charge : absence de protocoles de réhydratation et d’expérience des personnels soignants. Une mission Croix-Rouge fixait alors de façon collégiale des priorités : réduction au dessous de 1% de la mortalité intra-hospitalière et suppression de la transmission intra-hospitalière nosocomiale. Des protocoles de prise en charge (réhydratation orale et IV, port d’équipements de protection par les personnels soignants, désinfection des véhicules, des semelles, traitement des sujets contacts par la doxycycline), ont permis d’atteindre rapidement ces objectifs (2 décès intra-hospitaliers d’avril à octobre 2002, disparition des insuffisances rénales). Parallèlement, l’intensification des actions de terrain (désinfection, sensibilisation) était suivie d’une défervescence de la courbe à partir de la fin avril, toutefois la létalité communautaire restait élevée (3,7%). Par la suite, la dégradation des conditions socio-politiques (élections, grève des praticiens hospitaliers...), la forte concentration humaine observée de juillet à septembre (arrivée des franco-comoriens et cérémonies des grands mariages) et la persistance des mauvaises conditions sanitaires, ont entraîné une recrudescence de l’épidémie qui totalise à la fin septembre 1436 cas avec une létalité de 3,27%. La Grande Comores représente 90% des cas, avec une acmé de l’épidémie  de mi-janvier à fin juin et un début tardif à Anjouan, puis à Mohéli où aucun cas n’a été rapporté depuis mai.

Conclusion. En octobre 2002, les difficultés de recueil épidémiologique sur les 3 îles (aucune donnée n’est disponible sur Anjouan depuis la mi-juillet), d'investigation autour de foyers secondaires et de mobilisation des équipes de terrain ne permettent pas de juguler l'endémie. Les Comores constituent désormais une zone d’endémie pour le choléra, en raison des problèmes économiques, de la crise politique et la désorganisation du système de santé. L’instauration de protocoles simples de prise en charge des patients et de mesures d’hygiène intra-hospitalière a permis de maîtriser le fort taux de mortalité observé en début d’épidémie et d’interrompre la transmission nosocomiale. Un projet initié par le Croissant Rouge Comorien et la Croix Rouge Française se propose d'intervenir sur la sensibilisation des populations et la prise en charge des patients.

 

Bibliographie

 

Fournier J.M., Villeneuve S. Actualité du choléra et problématique vaccinale. Méd. Trop., 1998, 58, 2S, 32 – 35

 

Le choléra en 1997. REH, 1998, 73, 201 – 208

 

Péril fécal. Ensemble d’auteurs. Bull. Soc. Path. Ex., 1998, 91, 397 - 449

 

Seck. M, Saïssy J-M.. Le choléra. In Réanimation tropicale. 119-136. Arnette. 1997