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Dengue d'importation diagnostiquée au CHU de Bordeaux de janvier 2000 à décembre 2007

Dengue d'importation diagnostiquée au CHU de Bordeaux de janvier 2000 à décembre 2007

B. Kuli (barbaraku@yahoo.com), D. Sissoko, N. Pouderoux, T. Pistone, MC Receveur, D Malvy

Centre René Labusquière, Université Bordeaux 2, Bordeaux, France.

Service de Médecine Interne et des Maladies Tropicales, Groupe Hospitalier Saint-André, CHU Bordeaux, France.

 

Introduction

La dengue d’importation demeure une cause majeure de fièvre du retour chez les voyageurs se rendant en zone tropicale. Une étude rétrospective a été menée au Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux de janvier 2000 à décembre 2007 afin de documenter et décrire les modalités d’exposition, les caractéristiques cliniques et biologiques des cas importés de dengue.

Méthodes

Une recherche à partir de la base de données informatisée du service a été menée afin d’identifier les dossiers des patients éligibles. Seuls ceux répondant à la définition de cas possibles (syndrome dengue like -SDL- et au moins une sérologie positive en IgM) et de cas confirmés ( SDL et PCR dengue positive ou une séroconversion en IgG et/ou en IgM) ont été retenus. Les patients ayant à la fois une sérologie dengue positive et un paludisme confirmé ont été exclus si la PCR dengue était négative, compte tenu des faibles performances des tests de dengue dans cette situation.

Résultats

Au total, 57 cas de dengue probable ou confirmée ont été identifiés. ll s'agissait de 25 hommes (44%) et de 32 femmes (56%) [ratio H/F de 0,78] ayant séjourné en moyenne 26 jours en zone d’endémie. L'âge moyen (± écart type) des cas était de 38,8 ± 15 ans (médiane: 35 ans; extrêmes: 10-67 ans). Ces cas sont survenus principalement en 2001 (30%), 2005 (16%), et 2007 (17%). Les premiers signes étaient apparus pendant le séjour chez 21 patients (37%) alors que le délai  d'apparition des signes après le retour en France était de moins de 5 jours chez 26 des 36 autres patients (72%). Les zones d’acquisition étaient principalement l’Asie (32%) et les Antilles (23%) et dans une moindre mesure la Polynésie (14%). Aucune dengue hémorragique n'a été identifiée. Les principaux signes retrouvés étaient la fièvre (97%), des céphalées (74%), l’asthénie (67%). Les signes hémorragiques mineurs étaient retrouvés chez 19% des consultants. La principale anomalie biologique était la cytolyse hépatique élevée entre 2 et 3 fois la normale. Jusqu’en 2005, les tests utilisés étaient des techniques qualitatives et seul un cas a été  confirmé par PCR.

Discussion

Nos résultats sont cohérents avec les données de surveillance en France métropolitaine en ce qui concerne les caractéristiques clinico-biologiques des cas et les pics d’importation de cas lors d’épidémies dans les Antilles et en Polynésie. Ils indiquent également les difficultés d'avoir un diagnostic fiable de dengue importée dans une zone non endémique mais potentiellement à risque. La principale limite de ce travail  demeure la réactivité croisée avec d’autres flavivirus non recherchés systématiquement.

Conclusion

Cette étude suggère que la dengue est une affection qui se manifeste  précocement au retour des Tropiques. Il demeure donc crucial de sensibiliser les soignants afin qu’ils recherchent systématiquement cette affection chez les patients présentant la fièvre au cours des premiers jours suivant leur retour de ces zones en raison de la présence de la virémie chez ces patients pendant cette période. Ceci demeure particulièrement dans les régions de Sud de la France où la présence du  d'Aedes albopictus est établie, a déjà été décrite. Enfin, il demeure également recommandé de renforcer l’information des soignants métropolitains sur la situation  de la dengue lors d’épidémies dans les territoires tropicaux français.