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Transmission périnatale du virus Chikungunya : A propos de 47 cas à l’île de la Réunion

Transmission périnatale du virus Chikungunya : A propos de 47 cas à l’île de la Réunion.

 

D.Ramful1, M. Carbonnier2, J. Ghazouani3, T. Noormahomed4, G. Beullier5

1 Service de Réanimation Néonatale et Pédiatrique. CHD Félix Guyon. Saint-Denis de la Réunion

2 Service de Réanimation Néonatale et Pédiatrique. Groupe hospitalier Sud Réunion.

3 Centre Hospitalier Intercommunal Saint-Benoît, La Réunion

4 Clinique Sainte Clotilde, La Réunion

5 Centre Hospitalier Gabriel Martin. Saint-Paul, La Réunion

 

Introduction 

Les îles du sud-ouest de l’Océan Indien dont La Réunion sont exposées depuis 2005 à une épidémie de Chikungunya (CHIK), un alphavirus (arbovirose) transmis par un moustique du genre Aedes Albopictus. Des cas néonatals d’infection à CHIK précoces évoquant une transmission mère-enfant, ont été observés.

Matériel et méthodes

Etude descriptive rétrospective de avril 2005 à avril 2006 portant sur 47 cas sur 6 centres de médecine néonatale de l’île de la Réunion. Description des données maternelles, issues des grossesses, symptômes cliniques chez le nouveau-né, données biologiques et d’imagerie néonatales. Le diagnostic virologique était confirmé chez la mère et chez son nouveau-né dans tous les cas par RT-PCR ou IgM anti-CHIK.

Résultats

Le terme moyen de naissance était de 38 SA [32-41] et le poids moyen de naissance de 3 kgs [1,9-4]. Une césarienne a été réalisée dans 40% des cas. Toutes les mères ont présenté des symptômes de J-4 à J+1 de l’accouchement (2 mères asymptomatiques). Le délai d’apparition des signes par rapport à la naissance chez le nouveau-né était de 4 jours [2-10]. Le délai entre le début des symptômes maternels et le début de la symptomatologie chez son nouveau-né était de 5,3 jours [3-10]. Les signes les plus fréquents chez les bébés étaient : un syndrome algique important (100%) avec nécessité des antalgiques de palier 2 ou 3 dans 32 cas, une fièvre>38°C (77%), une éruption à type d’érythrodermie avec desquamation secondaire des extrémités (79%), des difficultés alimentaires avec nécessité de gavage gastrique (87%), un oedème des extrémités (55%) et une diarrhée (32%). Les anomalies biologiques les plus fréquentes étaient : une thrombopénie (72%), une lymphopénie (47%), une chute du TP (18/29) et une augmentation des ASAT (25/36). 16 nouveau-nés ont présenté des complications : neurologiques avec 8 cas de convulsions (24/27 RT-PCR+ dans le LCR), hémorragiques dans 9 cas et des troubles hémodynamiques dans 10 cas. Les examens complémentaires d’imagerie ont montré à l’IRM cérébrale (17 cas/30) des hyper signaux de la substance blanche et/ou des hémorragies intracérébrales, à l’échographie cardiaque (6 cas/16) une dysfonction ventriculaire gauche avec hypertrophie (3), une péricardite (2) et un épaississement des coronaires (6). Le traitement était symptomatique. 25% des nouveau-nés ont nécessité une ventilation assistée. La durée moyenne d’hospitalisation était de 18 jours [2-80]. Un nouveau-né est décédé à J6 de vie d’une entérocolite ulcéro nécrosante foudroyante dans un contexte de septicémie à klebsielle.

Conclusion

Ces observations évoquent une transmission périnatale du virus CHIK jamais décrite avant l’épidémie réunionnaise. Le mécanisme en est inconnu. La gravité des formes néonatales rappelle les formes rares et compliquées de la maladie et la nécessité d’avancées au niveau physiopathologique et thérapeutique.