Hépatites aiguës sévères lors d’une infection par le virus
Chikungunya à l’île de la Réunion : à propos de 14 observations.
PP
Garnier1, E Blanchet2, S Kwiatek1, A Reboux3,
B-A Gaüzere3, JP Becquart1.
1 Service d’Hépato-Gastroentérologie, Centre Hospitalier Départemental
Félix-Guyon, 97400 Saint Denis.
2 Service d’Hépato-Gastroentérologie, Groupe Hospitalier Sud Réunion, 97410
Saint Pierre.
3Service de Réanimation polyvalente, Centre Hospitalier Départemental
Félix-Guyon, 97400 Saint Denis.
Introduction : La
survenue en février 2005 d’une épidémie durable à virus Chikungunya (218 000
cas au 19 Mars 2006) sur l’île de la Réunion a fait apparaître l’existence
d’atteintes hépatiques sévères.
Malades et méthodes :
Les observations des patients atteints d’infection à virus Chikungunya (fièvre,
arthralgies, éruption cutanée), présentant une sérologie Chikungunya IgM
et/ou RT-PCR Chikungunya positives, une cytolyse hépatique et un Taux de
Prothrombine (TP) inférieur à 50% était colligées dans les hôpitaux de Saint
Denis et Saint Pierre. Les diagnostics différentiels d’hépatite aiguë étaient
éliminés.
Résultats :
Entre janvier et mars 2006, 14 patients (9 hommes, 5 femmes) d’âge moyen 51 ans
(27-84) ont été étudiés. Neuf patients étaient alcooliques chroniques (40 à 100
grammes d’alcool par jour), 10 patients avaient consommé du paracétamol (1 à 4
grammes par jour pendant 1 à 7 jours), 7 étaient traités par N-Acétyl Cystéine.
1 patient était cirrhotique. 9 patients présentaient une encéphalopathie
hépatique. Les transaminases étaient en moyenne dosées à 10451 UI/L
(1332-28125) et 4030 UI/L (912-12675) respectivement pour les ASAT et les ALAT.
Le TP et le facteur V étaient respectivement dosés à 23% (10-41) et 24% (6-49).
La créatininémie était élevée chez 4 patients (175-385 mmol/L). La
RT-PCR Chikungunya réalisée dans le foie chez 3 patients était positive dans
deux cas. L’évolution était favorable dans 9 cas avec normalisation complète
des fonctions hépatiques. 5 patients décédaient d’insuffisance hépatique dans
un délai de 1 à 5 jours.
Conclusion : L’observation
d’hépatites aiguës sévères souvent fulminantes (64%) lors de l’infection par le
virus Chikungunya suggère une hépato-toxicité propre à ce virus jusque là non
décrite. L’alcoolisme chronique et le
paracétamol semblent être des cofacteurs aggravants.