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Choix d’un répulsifs dans la prévention d’une infection par le Chikungunya à La Réunion

Girard Ph. 55E  chemin des Thuyas, 97490 Ste Clotilde, Suzon L. 52 chemin du calvaire 97410 St Pierre, Vermel V. 97490 Sainte-Clotilde

 

Les répulsifs également appelés répellents ou insectifuges ou « anti-moustiques» ne tuent pas les moustiques mais les éloignent. Les répulsifs provoquent  chez l’insecte une altération de la conduite de repérage de l’hôte, le détournant de sa cible potentielle. Leur utilisation a été fortement encouragée par les autorités lors de la flambée épidémique de chikungunya survenue à La Réunion au début de l’année 2006. De nombreux flacons de répulsifs ont été distribués gratuitement aux personnes âgées, aux femmes enceintes et aux enfants.

 

Choix d’un répulsifs : Aucun répulsifs n’est efficace à 100%. Une piqûre sur 5 se ferait à travers les vêtements. Ceux-ci peuvent être imprégnés par le répulsif ou par une perméthrine de synthèse. Les répulsifs répondent à la législation des cosmétiques et aucun tests d’efficacité ou n’innocuité chez l’homme n’est obligatoire. A la Réunion, entre les supermarchés, les stations services et les pharmacies, une quinzaine de marques coexistent et ont chacune 3 à 6 formulations différentes, soit plus de 80 produits commercialisés.

Les 4 principes actifs efficaces en milieu tropical et contre l’Aedes sont : D.E.E.T ou Diéthyltoluamide (Insect Ecran® 50%, Mousticologne zone infestée® 20%, OFF®)…, Citriodiol ou P-menthane diol (PMD), essence de synthèse à l’odeur de d’Eucalyptus citronné (Mosiguard®), IR3535 ou Aminopropionate (Cinq sur Cinq 20%®, Moustifluid®, Hansaplast®…) qui serait le produit le plus utilisé à la Réunion, KBR 3023 ou Picardine ou Bayrepel® ( Insect Ecran spécial tropic®, Autan®)

L’efficacité et la durée d’action sont très variables en fonction de la concentration du produit. La galénique interviendrait peu dans l’efficacité mais les crèmes seraient à préférer. Il n’a pas été constaté de « résistances du moustique » ou de diminution de l’efficacité des répulsifs avec le temps.

L’efficacité par ordre décroissant serait : DEET 25% > KBR 25% >Citriodiol 26% >KBR 10% = DEET 15%= IR3535 25%. Excepté l’huile de soya et le géraniol non commercialisés à La Réunion, les huiles et essences essentielles, citronnelle comprise, sont  peu efficaces (moins de 30 mn) surtout s’il y a du vent. Les bracelets imprégnés et les dispositif ultra-sonores ainsi que les logiciels anti-moustiques sont inefficaces. Les produits combinés contenant des protections solaires et / ou plusieurs agents répulsifs sont déconseillées. En cas de nécessité, la protection solaire doit avoir pénétré la peau et un délai de 20 minutes est conseillé avant l’application du répulsif.

Prescription chez la femmes enceinte et l’enfant : Les recommandations officielles françaises conseillent 5 produits de marque (3 principes actifs) :

 

- Entre 3 mois et 2 ans : Citriodiol et chez l’enfants de plus de 3 ans et femmes enceintes : Citriodiol, KBR 20 à 30%, IR3535 20 à 35%. Le DEET est déconseillé avant l’âge de 12 ans et chez la femme enceinte mais est commercialisé sans ces restriction en dehors des pharmacies.

Les recommandations nord-américaines (contre Aedes et les vecteurs du virus du Nil Occidental) sont, en cas de risque d’infections élevé, moins restrictives pour le DEET et insistent sur le respect de la bonne application technique du produit.

 

 

USA : CDC, EPA, Association des pédiatres

Canada : Agence de santé publique, ARLA, association des pédiatres

Angleterre

DEET

Utilisé à 75 voir 100%

Conseillé (< 30%) dés l’âge de  2 mois

Pas de restriction chez la femme enceinte

Déconseillé à plus de 30%

Conseillé à moins de 10% dés 6 mois (maximum 1 application /j)  et à partir de 2 ans à 2 applications/j

Conseillée chez la femme enceinte à moins de 20%

 

KBR

Déconseillé avant 3 ans

Déconseillé avant 3 ans

 

Citriodiol

Déconseillé avant 3 ans

Déconseillé avant 3 ans

A partir de 3 mois

IR3535

Agrée mais non vendu

Non agrée

Agrée, 2 études chez la femmes enceintes

 

Les effets secondaires et les risques a long terme : Les effets secondaires des répulsifs, comme les brûlures ou les  irritations  de la peau  semblent, assez fréquents.  Ces réactions disparaissent généralement en quelques heures après arrêt de l'application. L’huile essentielle de citronnelle est le répulsif le plus allergisant et est photosensibilisante. Tous ces produits sont toxiques en cas d’ingestion.

Les effets secondaires plus graves (encéphalite, éruption phlycténulaire) ont été décrit avec le DEET, principalement chez l’enfant. Ces effets restent rares compte tenu du grand nombre d’utilisateurs du DEET et sont principalement en rapport avec une mauvaise utilisation :

 

- accumulation dans l’organisme suites à des Applications de longue durée

- surdosage (excès de produit  appliqué, applications trop rapprochées, utilisation d’un produit trop concentré)

- application autour de la bouche, des yeux,  dans les plis du coude, sur les paumes de mains, sur une peau irritée ou blessée et contacts d’un aérosol avec la cornée.

 

Aucun répulsif n'a été étudié lors d'un usage prolongé. Le produit le mieux évalué est le DEET. Ce produit utilisé à forte concentration chez des militaires, a été incriminé par un auteur dans la genèse du syndrome de la guerre du Golfe. Des doutes scientifiques existent sur la responsabilité des répulsifs dans certains cancers.

 

Conclusion : Les dernières études effectuée sur le DEET sur les enfants et les femmes enceintes n'ont pas confirmé la suspicion de neurotoxicité, ni montré de risques de malformation du fœtus. Au Canada et aux Etats-Unis, ces produits sont prescrit aux enfants ou aux femmes enceintes dans les situations où le risque d'infection est important. Le DEET semble être le produit le plus efficace. A la Réunion, la balance du bénéfice / risque du DEET pourrait être repesée afin d'élargir son usage chez l’enfant et la femme enceinte en zone à risques d’infection à chikungunya. La prévention des effets secondaires des répulsifs pourrait être renforcée par une campagne d’information grand public. Les effets secondaires des répulsifs pourraient être mieux étudiées notamment lors des dermatoses de l’infection à chikungunya.