Anguillulose à la Réunion. A
propos d’une observation d’une forme clinique sévère.
A. Brugiroux A., J-D Harms,
I.Coupez. Groupe Hospitalier Sud Réunion.
Une femme de 41 ans (sans
profession, sans traitement immunosuppresseur, sans antécédent ni terrain particulier)
fut admise en urgence avec un tableau de choc septique et de diarrhée aqueuse
profuse. L’évolution se fit vers l’instabilité hémodynamique persistante malgré
un remplissage vasculaire adapté. Le diagnostic d’anguillulose fut porté à la
24ème heure d’hospitalisation par la mise en évidence des larves strongyloïdes
dans les selles (test de Baerman). L’évolution a été rapidement favorable après
traitement par ivermectine (9 mg en une prise unique).
Styrongyloides stercoralis est le seul nématode dont le
cycle humain est complet. Sa répartition est mondiale, préférentiellement dans
les zones tropicales et subtropicales, mais également en Europe. Le diagnostic
repose sur la biologie (hyperéosinophilie), la sérologie et l’isolement des
larves dans les selles après enrichissement (méthode de Baerman).
L’hyperéosinophilie si évocatrice des parasitoses fait défaut en cas
d’immunodépression où il y a auto-infection : les larves rhabditoïdes se
transforment dans l’intestin grêle en larves strongyloïdes infestantes qui
franchissent la muqueuse intestinale avant de gagner tous les organes (cerveau,
poumon…) par voie sanguine. Toutes les thérapeutiques et toutes les pathologies
responsables d’une diminution de l'immunité à médiation cellulaire peuvent
aboutir chez un sujet parasité à une anguillulose hyperinfestante ou disséminée
maligne. La corticothérapie au long cours est la plus fréquemment incriminée.
Les formes graves d’anguillulose sont peu fréquentes à la
Réunion et s’observent surtout chez des personnes immunodéprimées, ce qui
n’était pas le cas cette patiente. Ce diagnostic n’est donc pas évoqué
systématiquement en présence d’un tableau clinique tel que celui décrit.
A la Réunion, la littérature ne fait état que d’un seul cas
d’anguillulose maligne (1). Par contre les cas d’anguillulose non maligne sont
fréquents avec pour le seul Groupe Hospitalier Sud Réunion en Médecine
adulte : 1997 : 26 cas, 1998 : 25 cas, 1999 : 15 cas,
2000 : 16 cas, 2001 : 18 cas, 2002 : 16 cas)
Bibliographie
1)
Anguillulose maligne mortelle et syndrome d’Ogilvie chez un insuffisant
respiratoire chronique traité par corticoïdes à l’île de la Réunion (Océan
indien). Gaüzère B-A, Schlossmacher P, Jaffar-Bandjee, O, Aubry P. Bull Soc Pathol Exot, 2003, 96, 1, 52-57