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Hépatite E à la Réunion.

A.Milon. Centre Hospitalier Gabriel Martin. Saint-Paul. Réunion.

                                                    

Observation : Un mois après le retour d’un séjour en Inde, un homme de 44 ans est hospitalisé au Centre hospitalier de ST-PAUL pour un ictère fébrile, il n’a aucun antécédent médical et ne suit aucun traitement. Le 17/02/2003 sont apparues : douleurs abdominales, nausées, vomissements et diarrhée, pendant 5 à 6 jours, suivies d’une amélioration pendant une semaine, avec apparition secondaire d’un ictère cutanéo-muqueux fébrile, d’une asthénie anorexie et de nausées.

L’examen retrouve une température à 37 5°C, un ictère franc, des urines foncées.

Une hépatomégalie mousse non douloureuse régulière dépassant le rebord costal de un travers de doigt, l’absence de rate palpable et d’adénopathie.

Résultats biologiques : ASAT Χ 70, ALAT Χ 60, gamma GT et phosphatases alcalines à la limite supérieure des valeurs normales, taux de prothrombine :52 %, absence d’anémie

Taux de plaquettes normal, 5600 Blancs/mm3 , dont 35% de neutrophiles, 39% lymphocytes et 22% de monocytes. Recherche d’hématozoaire du paludisme négative.

IGM anti hépatite A négatifs, Ag Hbs, Ac anti Hbs, anti Hbc négatifs, Ac anti VHC négatifs. Ac anti hépatite E type IgG (EIA Abbott ) positif >4,5 seuil 1,1.

L’échographie hépatique montre un foie homogène, avec vésicule biliaire vide aux parois épaissies. L’évolution a été favorable en une semaine avec normalisation progressive des paramètres biologiques.

 

Epidémiologie : Anciennement hépatite épidémique non A non B, hépatite fécale-orale non A non, l’hépatite E est une forme d’hépatite aiguë ictérique d’évolution spontanément favorable. Elle est due à un virus à ARN monocaténaire, découvert dans les années 90 et survient lors d’épidémies récurrentes avec des périodicité de 5 à 1O ans, souvent après la saison des pluies, entrecoupées de cas sporadiques (100000 cas en Chine entre 1986 et 1988).

Jusqu’à ces dernières années les cas survenus dans les pays industrialisés se limitaient aux voyageurs de retour de pays où l’hépatite E est endémique. Toutefois des publications récentes font état des premiers cas constatés chez des personnes n’ayant pas quitté leur pays et relatent la mise en évidence de particules virales identiques chez l’animal (porc, cerf). La transmission se fait par voie foecale-orale, les hôtes sont l’homme, les primates, le porcs, le mouton, le poulet. Le réservoir est inconnu (porc ?). L’incubation est de 2 à 9 semaines.

Au plan clinique, la symptomatologie est identique à celle de l’hépatite A ou B .Les symptômes de la phase aiguë sont précédés par une phase prodromique associant fièvre et nausées. Les formes les plus symptomatiques intéressent les adultes jeunes et d’âge moyen.

L’évolution est le plus souvent spontanément favorable avec normalisation des transaminases dans les trois semaines (1 à 6). La mortalité est de 0,5 à 4 %. Les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables au 3 trimestre et peuvent présenter une forme fulminante. Aucun cas d’hépatite chronique n’a été décrit.

Le diagnostic positif repose sur l dosage des IgM et IgG anti-VHE qui ne sont en général détectables qu’au moment de l’apparition des symptômes. La chronologie exacte de la réponse anti-corps est inconnue. La sensibilité aux médicaments et aux désinfectants est inconnue. Les mesures de base d’une désinfection efficaces sont les mêmes que contre le virus de l'hépatite A : hypochlorite de sodium à 1 %, glutaraldéhyde, formaldéhyde.

Conclusion : l’hépatite E à La Réunion est très rare et ne s’observe que chez les voyageurs au retour de pays à bas niveau économique (notamment au retour de l’Inde). A notre connaissance, il n’y a jamais eu de cas autochtones à La Réunion.

References

Okamoto H,Takahashi M,Nishizawa T.Features of hepatitis E virus infection in Japan. Inter Med,2003Nov;42(11):1065-71

Tei S,Kitajima N,Mishiro S.Zoonotic transmission of hepatitis E virus from deer to hum beings. Lancet ,2003 Aug 2;362(9381):371-3

Clemente –Casares P,Pina S,Buti M,Jardi R et al.Hepatitis E Virus epidemiology in industrialized countries. Emerg infect Dis.2003 Apr;9(4):448-54.

Virus de l’hépatite E Fiches techniques santé-sécurité(FTSS)http://www.hc-sc.gc.ca/pphb-dgspsp/msds-ftss/msds79f.html/

Virus de l’hépatite E http://www.u-bourgogne.fr