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Leptospiroses graves a la Réunion : 50 cas entre 1990 et 2003 dans le service de réanimation du CHD F. Guyon. Saint-Denis.

1Agesilas F, 1Gaüzère B-A, 1Delannoy N, 1Knezynski M, 1Martinet O, 1Pac-Soo A-M, 1Schlossmacher P, 2Bohrer M. 1Service de Réanimation, 2Département d’information médicale. CHD Saint-Denis

 

La leptospirose est une anthropozoonose bactérienne due à un spirochète. C’est une pathologie des pays tropicaux, également décrite dans le monde entier. Son polymorphisme clinique en fait toute la difficulté diagnostique. La létalité varie de 20 à 40% selon la littérature. Forte incidence à la Réunion : 20/ 100 000 Vs 0,5/ 100 000 en Métropole, soit un facteur 40. Prévalence de 3093 cas /100 000 dans les régions de l’île à pluviométrie supérieure à 4000 mm/an et de 712 cas/100 000 si pluviométrie inférieure à 2000 mm/an.

 

Objectifs : Etude rétrospective de tous les cas de leptospiroses sérologiquement confirmés traités dans le service de réanimation polyvalente du CHD, entre 1990 et 2003). Identification des critères cliniques et para cliniques péjoratifs dès l’admission et en cours d’hospitalisation.

 

Méthodes : recueil des critères épidémiologiques (âge, sexe, exposition, région d’origine, année et saison, durée de séjour, mortalité). Recueil des critères cliniques : atteinte rénale (taux d’urée supérieur à 10mmol/l selon l’ IGS2 et/ ou une créatininémie supérieure à 141 µmol dans le Système logique de défaillance d’organes (SLOD), neurologique (score de Glasgow inférieur à 14, ou syndrome méningé, ou épisode comitial, ou paralysie ascendante type Guillain–Barré), hépatique (bilirubinémie totale supérieure ou égale à 68,4µmol/l par l’IGS II ou supérieure à 34,2µmol/selon le SLOD), hématologique (taux d’hémoglobine inférieur à 10 g/dL, ou taux plaquettaire inférieur à 150 000 éléments/mm3), circulatoire primitive (pression artérielle systolique inférieure ou égale à 90mmHg à l’admission), circulatoire secondaire (pression artérielle systolique inférieure à 90mmHg après 24 heures d’évolution), cardiaque (troubles du rythme ou myocardite), respiratoire (rapport PaO2/FiO2 inférieur à 300), score IGS II de gravité et indice Omega de charge en travail). Thérapeutiques dont recours à la ventilation mécanique, hémofiltration, transfusion, amines, antibiothérapie.

 

Résultats : 50 cas confirmés sérologiquement. 12 cas exclus par défaut de la sérologie de confirmation. Age moyen : 41,8 ± 14,6 ans, extrêmes 16-74), 47 hommes, 3 femmes (sex ratio 0.94), exposition retrouvée dans 20 cas (40%). Origine Réunion : 42 (nord-est 32 cas, ouest 9 cas, sud 1 cas). Mayotte : 8 cas.

Forte incidence pendant la saison des pluies : 82% de janvier à juin, 18% de juillet à décembre. Durée moyenne de séjour : 5,6 ± 7,5 jours, extrêmes 15 heures à 40 jours. Mortalité : 22%.

Atteinte rénale : 43/50 (86%), épuration extra-rénale : 20/43 (46,5%). Atteinte neurologique : 15/50 (30%). Atteinte hépatique : 82%. Atteinte hématologique 41/50 (82%), 21 patients transfusés (culots globulaires, PFC, plaquettes). Atteinte circulatoire primitive : 10/50 (20%), atteinte circulatoire secondaire : 11/40. Au total 21/50 (42%) ont eu une manifestation circulatoire ayant nécessité dans 95% des cas le recours à des amines pressives. Atteinte cardiaque : 11/50 (20%). Atteinte respiratoire : 25/50 (50%) avec recours à la ventilation mécanique dans 85% des cas. 84% des patients ont reçu une antibiothérapie.

Le sérovar à été identifié dans 44% des cas : L. icterohemorragiae (8), L. canicola (8), L. cynopteri(3), L. sejroë (4)

 

Conclusion : Forte létalité (22%). Facteurs de mauvais pronostic : atteinte pulmonaire, circulatoire secondaire, cardiaque, Hémoglobine inférieure à 8g/dl, bilirubine totale supérieure à 600µmol/l, kaliémie supérieure 4,3mmol/l. Description de troubles du rythme non retrouvés dans la littérature (BAV II, III). L’IGS II est peu contributif dans la prédiction de la mortalité. Deux formes létales purement respiratoires à L. canicola.

Importance de l’exposition et nécessité de moyens prophylactiques (bottes, dératisations, contrôle des chiens errants). Cherté du vaccin SPIROLEPTÒ (efficace sur . icterohemorragiae), non remboursé. Convention CPAM pour « exception réunionnaise » afin de vacciner gratuitement ?