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Méningo-encéphalites graves de l’adulte au cours de l’infection à Chikungunya : à propos de 5 cas à La Réunion (Océan indien)

Méningo-encéphalites graves de l’adulte au cours de l’infection à Chikungunya : à propos de 5 cas à La Réunion (Océan indien)

Martinet O 1,,Tournebize P 2 ,Gaüzère B-A 1 ,Winer A. 2,Gras G. 1,Boisson V 2,Jaffar-Bandjee M.C 1 El Hadj Faye A 2.

1 Centre Hospitalier Départemental  Félix Guyon Saint Denis de la Réunion. 2 Groupe Hospitalier Sud Réunion (GHSR), Saint Pierre de la Réunion, France.

 

Introduction : Nous rapportons cinq cas graves de l’infection à Chikungunya (CHK) de l’adulte avec atteinte neurologique sous la forme de méningo-encéphalite sévère.

Description : Chez les 5 patients d'âge moyen 54,6 (± 18) ans, la symptomatologie neurologique a débuté pendant la phase d’invasion du CHK, accompagnant la symptomatologie classique (fièvre, arthralgies, myalgies…), avant la séroconversion. L’examen du LCR a retrouvé une hyperprotéinorachie chez tous et une pléiocytose chez 2 patients. Le diagnostic de CHK a été confirmé par la présence d’IgM dans sérum et dans le LCR. Chez 2 patients les autres causes de méningo-encéphalites à LCR clair ont été éliminées de façon exhaustive.

Chez 4 patients explorés, le trace EEG a montré une activité postérieure ralentie et des amplitudes variant du très bas voltage à des bouffées d’ondes delta, sans aucune activité rythmique ou épileptique. Habituellement lors des encéphalites, l’IRM est beaucoup plus sensible que la TDM et montre souvent des oedèmes et des prises de contraste du cortex et des noyaux de la base. Alors que dans l’encéphalite herpétique, certaines atteintes corticales temporales et orbito-frontales sont caractéristiques, nous n’avons retrouvé aucune de ces lésions.

Quatre patients ont été hospitalisés en service de réanimation sous ventilation mécanique. Quatre ont parfaitement récupéré avec un recul de 4 à 8 mois, un patient garde de sévères séquelles à type de démence sous corticale.

 

Tableau 1: signes neurologiques

Cas No

Céphalées

Méningisme

Signes focaux

Convulsions

Trouble de conscience

ventilation mécanique

 

Guérison

1

+

+

-

+

coma

+

complète 1 mois

2

+

-

-

-

coma

+

démence subcorticale

3

+

+

-

-

confusion

-

complète 3 jours

4

+

+

-

+

coma

+

complète

5

+

-

+

-

coma

+

complète

 

 

Tableau 2: LCR , EEG et TDM / IRM cérébrales

Cas No

Polynucléaires

Protéines (mg/l )

Glucose

EEG

TDM / IRM

1

250 (80%PN)

117

N

Delta lent

IRM normale

2

1

140

N

theta delta

TDM normale

3

2

83

N

Delta lent

TDM normale

4

5

64

N

Non fait

IRM normale

5

110 (80%PN)

60

N

Delta lent

IRM normale

 

Discussion : Dans la littérature, quelques cas de méningo-encéphalite ont été rapportés en 1960, 1969 et 1972, en Asie chez des enfants, occasionnant un seul décès. Le tropisme des arbovirus pour le système nerveux central a été rapporté dans d’autres affections.

Conclusion : Aucune méningo-encéphalite de l’adulte ne semble avoir été décrite avant l’épidémie actuelle de CHK à La Réunion. Nos observations, ainsi que la survenue de cas de méningo-encéphalites par transmission materno-fœtale confirment le tropisme du virus CHK pour le système nerveux central.

Références 

Chastel C Bull. Soc. Path. Exot., 1963 ; 56, 892-915

Carey D.E et al. Tr. Roy. Soc. Med. Hyg. 1969, 63, 434-445.