Chikungunya et œil
Roche Ph - Villeroy F. Service d’ophtalmologie CHD Félix Guyon 97600 Saint Denis
Cette communication n’a de
valeur qu’à la date du 27 mars 2006 sur des données parcellaires (parfois en
attente de confirmation biologique du Chikungunya (CHK)) de patients encore
hospitalisés pour certains, en cours d’exploration pour d’autres afin éliminer
une étiologie annexe ; d’autre encore sont suivis pour connaître
l’évolution des signes, leurs conséquences et les éventuelles récidives..
1. La demande en
ophtalmologie. Seul un petit nombre de patients est venu
consulter spontanément au service d’ophtalmologie pour cause de CHK. Il en
serait de même en ophtalmologie libérale. L’ophtalmologiste est peu consulté
pour des signes mineurs oculaires où lors d’un tableau général médical plus
grave (méningo-encéphalite). L’expertise de l’ophtalmologiste est demandée
pour : des patients à tableaux cliniques complexes en neurologie (
méningo-myélo-radiculite), des patients hospitalisés grabataires et très âgés
en « médecine de crise » sans possibilité de les examiner au biomicroscope,
des nouveaux nés et des enfants.
2. La symptomatologie. Les signes
d’appel les plus fréquents rencontrés sont : les céphalées , la
baisse d’acuité visuelle (BAV) surtout de prés, la diplopie, les picotements
oculaires, les rougeurs oculaires, les œil irrité ou sec ;les vertiges.
Certains patients présentant le CHK nous ont consulté lors une aggravation de
pathologies concomitantes connues (réactivation d’une uvéite, sclérite).
L’ophtalmologiste intervient également dans le cadre d’une contamination matérno-fœtale,
d’une surveillance pédiatrique, neurologique, stomatologique et des patients
hospitalisés en secteur de « médecine de crise ». Nous pouvons
distinguer deux groupes de signes de fréquence, de gravité et de survenue
différentes.
- l’un lié à une atteinte conjonctivale dont les
signes arrivent précocement dans la maladie, sans gravité, régressant
spontanément et relativement plus fréquent. Ce sont les hémorragies sous
conjonctivales, les hyperhémies par vasodilatation localisé (avec pour un
patient une vésicule conjonctivale)
- l’autre groupe, moins fréquents, comprend des
atteintes neuro-ophtalmologiques. Les patients présentent soit une baisse
d’acuité visuelle essentiellement de prés par trouble de l’accommodation
(deux cas) mais aussi de loin par neuropathie optique (un cas de
papillite) soit une diplopie par atteinte du nerf VI(deux enfants). Ces
patients sont encore en cours d’évaluation, de suivi avec des signes non
régressifs à ce jour.
- Nous n’avons jamais retrouvé de kératite,
d’uvéite, de rétinite, de glaucome ni d’hypertension
3. Le dépistage. Un
protocole de dépistage et de suivi de l’atteinte ophtalmologique du CHK a été
mis en place
a- Etude en
pédiatrie sur le suivi des enfants exposés in utero au virus CHK.
L’objet de l'étude est de mettre
en place à l’échelon départemental un suivi systématique multidisciplinaire de
tous les enfants exposés in utero au virus CHIK, afin d’observer et de décrire
leur évolution clinique et sérologique entre la naissance et 2 ans. En ce qui
concerne l’ophtalmologie il est pratiqué :
•un examen
OPH à la naissance et à 9 mois sur les critères suivants : examen clinique, lampe à
fente et fond d’œil, oculo-motricité,
maturité visuelle :mouvement de poursuite, synergie oculo palpébrale, réflexe
de retrait. A la recherche de lésions
cornéo-conjonctivales : uvéite antérieure, chorio-rétinite
périphérique, papillite / œdème
papillaire, rétinopathie de
prématurité.
• Un bilan orthoptique avec étude
de l’acuité visuelle à 15 mois : test « bébévision »
Nous rappelons que les infections
materno-fœtales représentent environ 75 % des infections CHIK néonatales .Les
enfants atteints d’infection materno-foetal ont tous présenté des symptômes ou
une RT PCR CHIK avant J 9 Les enfants atteints d’infection post natale ont tous
débuté leurs symptômes après J12.
b- Etude chez l’adulte
Pour tout patient hospitalisé (CHK supposée
ou confirmée), six items sont renseignés : 1.Existe-t-il
des symptômes oculaires? 2.Existe-t-il un œil rouge: Hémorragie ou hyperhémie? 3. BAV de
loin 4.Gène à la lecture avec sa correction habituelle. 5.Trouble de
l’accommodation. 6. Asymétrie pupillaire.
En résumé : Le recours
à l’ophtalmologiste est rare. Les symptômes sont peu fréquents (estimés à 1%),
à tous les âges et nous semblent pouvoir être discernés en deux classes :
- lors de la virémie et du
syndrome aigu dit « dengue-like » ce sont les symptômes conjonctivaux, sans gravité
oculaire ni visuelle, régressifs en quelques jours
- après la virémie lors des syndromes encéphalitiques ce
sont les symptômes neuro-ophtalmologiques soit des troubles de l’accommodation
intermittents et régressifs soit des atteintes plus sévères de diplopie et
neuropathie optique.