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Paludisme d’importation : 4 ans de recueil au Groupe Hospitalier Sud Réunion

Paludisme d’importation : 4 ans de recueil au Groupe Hospitalier Sud Réunion

F Staikowsky 1, D Borgherini 2, B Petit 1, C d’Andréa 1, A Brugiroux 1, A Souab 1,

A Michault 3 - 1 SAU, 2 Maladies Infectieuses, 3 Bactériologie-virologie,  Groupe hospitalier  Sud

Réunion, BP 350, 97448 Saint-Pierre, Réunion.

 

En 1979, l’OMS a certifié l’élimination du paludisme à la Réunion. L’intensification des voyages contribue à l’importation constante du plasmodium par les voyageurs. La réunion enregistre environ 150 cas de paludisme d’importation (PI) par an. L’objectif de cette étude est de décrire l’épidémiologie des cas de PI au GHSR à partir des données colligées entre le 1er janvier 2004 et le 31 décembre 2007.

Matériel et méthode : les cas étaient définis par l’association fièvre et présence de plasmodium au frottis ou à la goutte épaisse liée à un séjour en zone d’endémie palustre hors du département. Tous les cas de PI ont été investigués sur dossier à partir d’une fiche standardisée (données socio-démographiques, sur le séjour en zone impaludée, clinico-biologiques et parasitologiques, sur la prophylaxie et la prise en charge curative).

Résultats : en 4 ans, 90 PI ont été rapportés chez 86 patients. La majorité des cas survenait de janvier à avril (53.3%) et en août (11.1%). L’âge médian était de 33.6 ± 17.1 ans (extrêmes : 2 et 71 ans), les enfants de 15 ans et moins composaient 21.1% des cas ; 71% étaient des hommes. Un antécédent de paludisme était noté dans 20% des cas. Les PI provenaient essentiellement de Madagascar (46.7%) et des Comores (35.6%). Les zones de chimiorésistance étaient du groupe 2 ou 3 dans respectivement 48.9 et 51.1% des cas. Treize patients résidaient habituellement ou régulièrement en pays d’endémie ; pour les autres, la durée moyenne des séjours était de 7.6 ± 7.9 semaines (extrêmes : 1 et 28 semaines). Une prophylaxie antipaludéenne était notée pour 44 patients (48.9%) essentiellement par chloroquine (36.4%) ou chloroquine et proguanil (31.8%) ; l’observance était médiocre : arrêt du traitement au cours du séjour (6.8% des cas), mauvaise observance au cours du séjour (20.5%), absence de poursuite de la prophylaxie au retour (38.6 %), sous dosage thérapeutique pour 2 enfants (4.5%). Les accès palustres graves selon les critères OMS colligeaient 17.8% des accès. Le plasmodium falciparum prédominait (90%) devant plasmodium vivax (10%). La consultation n’était pas suivie d’hospitalisation dans 20 cas (22.2%). Le traitement était unique 66 fois : méfloquine (n = 34), halofantrine (n = 12), quinine (n = 14), chloroquine (n = 5), atovaquone et proguanil (n = 1). L’évolution était favorable pour tous les patients.

Conclusion : La Réunion est, en dehors de la Guyane, le département qui enregistre le plus de PI. L’étude et le suivi épidémiologiques des PI est une occasion d’évaluer les pratiques professionnelles et de stratégie d’amélioration de la chimioprophylaxie antipaludéenne en particulier.