.
 

Paludisme à Mayotte : Actualisation de la situation épidémiologique 2003-2007

Paludisme à Mayotte : Actualisation de la situation épidémiologique 2003-2007

N. Baroux 1,2, P. Gabrié 3, S. Durand 3, JL. Solet 1, I. Quatresous 4, N. Elissa 5, A. Achirafi 5, E. Balleydier 1, L Filleul ; D. Sissoko 1

1/ Institut de veille sanitaire, Cire la Réunion Mayotte ; 2/ Programme de formation à l’épidémiologie de terrain (PROFET), Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France et Ecole des hautes études en santé publique, Rennes, France ; 3/ Centre Hospitalier de Mayotte ; 4/ Institut de veille sanitaire, département International et tropical ; 5/ Direction des affaires sanitaires et sociales de Mayotte

Auteur correspondant : daouda.sissoko@sante.gouv.fr         

 

Contexte

En dehors de la Réunion et de Maurice, la transmission autochtone permanente du paludisme se poursuit dans le reste des pays de la zone Sud-Ouest de l’Océan Indien dont Mayotte. Il s’agit principalement du P. falciparum résistant à la fois à la chloroquine et aux combinaisons à base de sulfamides bien que le niveau de résistance soit très variable au sein de ces pays.

Objectif 

L’objectif de cette étude est de décrire la situation épidémiologique du paludisme à Mayotte à partir des données colligées entre le 1er janvier 2003 et le 31 décembre 2007.

Méthode

Les données provenaient des notifications faites par les médecins à la Direction des Affaires Sanitaires et Sociales. Elles étaient complétées par une revue des registres d’admission des centres de santé et des services d’hospitalisation et d’Urgences de l’hôpital de référence afin de s’assurer de leur exhaustivité. Un cas de paludisme confirmé était défini comme un patient consultant pour un accès fébrile et pour lequel le test Optimal® et/ ou le frottis et/ou la goutte épaisse était positif.

Résultats

Entre 2003 et 2007, 2581 cas de paludisme ont été enregistrés soit une incidence annuelle variant de 3 à 4,5 cas pour 1000 habitants. Il s’agissait du P. falciparum dans 96% des cas, avec un profil de transmission permanente associé à un renforcement saisonnier pendant la saison des pluies (novembre-avril). La répartition géographique demeure particulièrement hétérogène avec une hyper-incidence à Bandraboua dans le Nord (36 pour 1000 habitants). Les jeunes hommes âgés de 15-24 étaient les plus touchés avec une incidence annuelle de 8/1000. Au total, 10 % des personnes infectées ont été hospitalisées tandis que trois décès liés au paludisme ont été identifiés.

Discussion

Ces données confirment la transmission permanente mais hétérogène du paludisme à Mayotte. Cette hétérogénéité spatiale a pour conséquence la baisse de l’immunité d’une partie de la population d’où un accroissement du risque épidémique.

Ces éléments mettent en exergue la nécessité d’un renforcement de la surveillance notamment l’établissement de la cartographie précise des cas ainsi que la sensibilisation de la population et l’évolution vers la lutte intégrée comprenant l’ensemble de ses composantes dont les moustiquaires imprégnées.