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Les Protéinoses Alvéolaires Pulmonaires de l’enfant à l’île de la Réunion : hétérogénéités cliniques et génétiques ?

H. Flodrops, M. Lozé, M. Renouil. Service de Pédiatrie, Groupe Hospitalier Sud Réunion. BP 350. 97448 Saint-Pierre. Réunion.

Correspondance et tirés à part : h.flodrops@ch-sudreunion.fr.

Objectifs. Apprécier le polymorphisme d’une maladie assez rare chez l’enfant : la Protéinose Alvéolaire Pulmonaire, et rappeler ses aspects génétiques dans la forme primitive.

Patients et méthodes. Notre étude est une étude rétrospective regroupant 15 patients sur une période de 28 années (1974 à 2001)[1]. Le diagnostic positif a été retenu soit par l’analyse anatomopathologique du tissu de biopsie pulmonaire, soit sur les données biochimiques du lavage bronchoalvéolaire. Dans les deux méthodes, on observe l’accumulation de matériel protéolipidique granulaire extra et intra-macrophagiques prenant la coloration à l’acide périodique de Schiff.

Résultats. Notre étude confirme le grand polymorphisme de cette pathologie et de son évolution, entre des formes postnatales précoces et des formes quasi asymptomatiques de diagnostic fortuit. Deux cas sont de révélation postnatale précoce (voire anténatale pour le deuxième) avec déficit en protéine SP-B du surfactant, un cas est secondaire à une infection à CMV et les douze autres peuvent être qualifiés d’idiopathiques pour l’instant ; mais l'étude de ce groupe fait envisager une transmission autosomique récessive très probable. Les premiers symptômes sont une cassure staturopondérale associée à une insuffisance respiratoire d’aggravation progressive avec un aspect radiologique de pneumopathie interstitielle. Ils apparaissent en moyenne vers 4 mois et demi (+ /- 3 mois). L’évolution est sévère avec un taux de survie de 53% des patients à 18 mois ; au-delà de cet âge, des lavages bronchoalvéolaires répétés et une nutrition entérale continue assurent une meilleure survie. Une nouvelle mutation 496delG/496delG altérant la lecture du gène SFTB a pu être dentifiée, et se rajoute à la vingtaine déjà publiée ; elle nous a permis d’effectuer un diagnostic anténatal.

Conclusions. La Protéinose Alvéolaire, dont l’essentiel des bases génétiques reste à préciser, représente un groupe hétérogène en pleine exploration. Les difficultés tiennent de la grande hétérogénéité et de la complexité du métabolisme du surfactant. La présence de formes familiales dans deux fratries suggère une anomalie génétique, et l’étude de certains isolats comme ceux qui sont rencontrés à la Réunion devrait permettre de découvrir de nouveaux gènes. En attendant seule une démarche clinico-biologique adaptée permettra de recenser les nouvelles formes et d’apporter certaines réponses. Actuellement, seul le déficit en protéine B du surfactant émerge assez clairement[2-4].

 

Références

[1] Loze M. La protéinose alvéolaire pulmonaire de l’enfant à la Réunion: à propos de 15 cas. Thèse de Médecine, Université de Poitiers. Oct.2001; 131p.

[2] Tredano M, de Blic J, Griese M. et al. Hétérogénéité clinico-biologique et génétique des anomalies innées du métabolisme du surfactant pulmonaire : déficit en SP-B et protéinose alvéolaire. Ann Biol Clin. 2001;59:131-48.

[3] Haataja R, Ramet M, Marttila R, et al. Surfactant proteins A and B as interactive genetic determinants of neonatal respiratory distress syndrom. Hum. Mol. Genet. 2000; 9: 2751-60.

[4] Nogee LM, deMello DE, Dehner LP, Colten HR. Deficiency of pulmonary surfactant protein B in congenital alveolar proteinosis. N. Engl. J. Med. 1993;328:406-410.