Endocardite à Bartonella
quintana aux Comores : à propos de trois cas
B. Kuli, M. Lagrange-Xélot, O.
Belmonte, E. Braunberger, G. Dubois, E. D'Ortenzio, MP. Moiton
Site centre hospitalier Félix
Guyon, CHR de La Réunion, 97405, Saint-Denis. E-mail : barbaraku@yahoo.com
Bartonella
spp. serait responsable de 3 %
des endocardites infectieuses, ce qui représente une part importante des
endocardites infectieuses à hémocultures négatives (EIHN). B. quintana
est associée à des endocardites chez des sans domicile fixe aux États-Unis et
en France. Le pou de corps ne serait pas le seul vecteur.
Nous rapportons
3 cas d'endocardite à B. quintana chez des patients comoriens présentant
une EIHN, évacués à La Réunion pour une indication de chirurgie cardiaque.
Deux hommes de
19 et 39 ans et une femme de 23 ans ont nécessité une chirurgie valvulaire pour
endocardite. Tous ont eu une plastie mitrale associée à une plastie
tricuspidienne, pour l’un et à un remplacement aortique pour un autre.
Les hémocultures et la culture des
valves étaient stériles. Les sérologies montraient un taux élevé d'IgG contre B.
henselae dans les trois cas, avec une confirmation par PCR, sur les valves
réséquées, de la présence d'ADN de B. quintana. L'évolution a été
favorable pour tous après six semaines d'antibiothérapie : amoxicilline et
gentamycine, puis doxycycline seule ou associée à rifampicine. Les facteurs de
risque identifiés étaient des conditions d'hygiène défavorables :
habitation en paille avec sol en terre battue chez deux patients. Aucun patient
n'a signalé avoir été piqué par des poux de corps. Des foyers dentaires
infectés ont été retrouvés chez la patiente.
Ces trois cas d'endocardite à B.
quintana sont survenus chez
des Comoriens ayant eu une prise en charge tardive en raison de difficulté
d'accès aux soins. Des études épidémiologiques seraient nécessaires afin
d’évaluer la prévalence des infections à B. quintana aux Comores
et dans l'océan Indien, ainsi que leurs facteurs de risque. Contrairement aux
techniques sérologiques fréquemment responsables de réactions croisées, les
techniques de biologie moléculaire permettent un diagnostic d'espèce fiable et
trouvent toute leur place dans le diagnostic des EIHN.