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  Un cas d’empoisonnement au bois de rempart (Agauria salicifolia, famille des Ericaceae contenant de la grayanotoxine), à La Ré

Un cas d’empoisonnement au bois de rempart (Agauria salicifolia, famille des Ericaceae contenant de la grayanotoxine), à La Réunion, Océan Indien.

1Gaüzère B-A, 1Knezynski M, 1Martinet O, 1Pac-Soo A-M, 1Schlossmacher P, 2 Pommier P, 2 De Haro L. 1 Service de réanimation. C.H.D. Félix Guyon. Saint-Denis. Réunion. 2 Centre Antipoison, hôpital Salvator, Marseille, France.

 

Introduction : les plantes du genre Rhododendron contiennent des grayanotoxines dont la toxicité est importante. Les intoxications les plus graves ont été rapportées lors de l’ingestion de miel, mais l’ingestion de feuilles a également été rapportée. D’autres plants de la famille des Ericaceae sont également toxiques. Agauria salicifolia est une plante proche du Rhododendron, endémique dans l’Archipel des Mascareignes, dont fait partie La Réunion, qui pousse dans les forêts de basse altitude, sur les pentes volcaniques. C’est une des espèces endémiques, pionnières des coulées de lave. L’écorce du bois de rempart est grisâtre et très crevassée sur les arbres anciens. L’arbre ne dépasse que rarement 8 mètres, notamment dans les zones de forêt dense où il est fortement concurrencé par des espèces plus adaptées. Les feuilles sont vertes tendre , légèrement pointues et allongées. La floraison se présente sous forme de grandes grappes roses, donnant des capsules noires libérant quelques graines à maturité.

Cas clinique : une femme de 29 ans, sans antécédent particulier fut admise en service de réanimation après avoir ingéré une tisane à base de feuilles d’Agauria salicifoli qu’elle avait elle même préparée. Bien que le conjoint soit vendeur de tisane au marché et que la patiente ait également une bonne connaissance des plantes médicinales, le caractère accidentel de l’ingestion a été confirmé par la patiente et le conjoint. A La Réunion, Agauria salicifoli est habituellement utilisée en application locale dans le traitement de l’eczéma. Une demi-heure après l’ingestion, la patient présenta des vomissements, des selles liquides et un état de faiblesse généralisée et persistante. A la 24ème heure, elle se présenta au service des Urgences ou fuirent notés : une importante sudation, une éruption cutanée, une hypotension (60 / 40 mm Hg), une bradychardie à 40 bpm. Admise en service de réanimation, son état s’améliora rapidement sous remplissage vasculaire et sans aucun traitement spécifique.

Conclusion : Cette observation semble être la première rapportée à l’ingestion de directe d’ Agauria salicifolia et confirme la toxicité (par ailleurs bien connue des créoles) des différentes espèces de la famille des Ericaceae, qui contiennent des grayanotoxines.