Première détection de la
circulation du virus de la Fièvre de la Vallée de Rift à Mayotte, 2007-2008
Daouda SISSOKO 1,
Claude GIRY 2, Philippe GABRIE 3, Arnaud TARANTOLA 4,
François PETTINELLI 2, Louis COLLET 2, Eric D’ORTENZIO 1,
Philippe RENAULT 1 et Vincent PIERRE 1
1 Institut de veille sanitaire,
Cellule interrégionale d’épidémiologie (Cire) Réunion- Mayotte, Drass de la
Réunion, France ; 2 Laboratoire de Biologie, Centre Hospitalier de
Mayotte, France ; 3 Cellule de veille épidémiologique, Centre Hospitalier
de Mayotte, France ; 4 Institut de veille sanitaire, Département
international et tropical, Saint Maurice, France
Introduction : La
résurgence épidémique du virus de la fièvre de vallée du Rift (VFVR) en
2006-2007 au Kenya a conduit à la mise en place à Mayotte de dispositifs de
surveillance biologique animale et à l’évaluation d’une éventuelle circulation
dans la population. Dans ce travail, nous décrivons les résultats de cette évaluation.
Méthodes : Nous
avons recherché le VFVR à titre rétrospectif et prospectif sur des sérums de
patients ayant consulté entre le 1er septembre 2007 et le 31 mai 2008 pour un
syndrome algo-fébrile dans une structure de santé et pour lesquels la recherche
de chikungunya, dengue, paludisme était négative. Un cas récent confirmé était
défini par la présence dans le sérum d’IgM anti-VFVR (MAC-ELISA) ou du génome
VFVR (RT-PCR).
Résultats : Sur 220 sérums, 10 (4,5%)
étaient positifs : présence d’ARN
viral (6), d’IgM (2) ou des deux (2). La date de début des signes du 1er
cas était le 27 septembre 2007 et celle
du dernier le 14 mai 2008. Sept cas (70%) étaient survenus entre janvier et
avril 2008. Il s’agissait de personnes âgées entre 16-53 ans,
majoritairement des hommes (9/10). L’évolution clinique a été toujours
favorable. Les expositions identifiées chez 9/10 patients étaient : contacts
avec des produits animaux (5/9), consommation seule de lait crû (1/9) et
uniquement des gîtes larvaires au domicile (3/9). Les souches étaient
génétiquement apparentées à celles de Kenya 1997.
Discussion et conclusion : Cette 1ere circulation autochtone reconnue
du VFVR à Mayotte illustre le risque d’introduction encouru par Mayotte
vis-à-vis des arbovirus circulant dans les pays côtiers ou îles d’Afrique de
l’Est. Les efforts de surveillance devraient être maintenus et renforcés afin
de détecter précocement tout départ épidémique de ce virus à Mayotte.