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Traitement substitutif par L-Thyroxine : interaction avec le traitement antipaludéen

Traitement substitutif par L-Thyroxine : interaction avec le traitement antipaludéen

X. Debussche. Service d’Endocrinologie-Diabétologie, CHD Félix Guyon, 97405 Saint-Denis, Réunion

 

Observation : Nous rapportons le cas d’une femme de 50 ans, présentant une hypothyroïdie par maladie de Hashimoto (1982), aux antécédents de maladie de Hodgkin (rémission complète1999). Elle effectue régulièrement des séjours à Madagascar avec traitement préventif antipaludéen par chloroquine 100 mg et proguanil 200 mg. En janvier 2005, du fait d’une prise de poids de 8 kg, la TSH dosée quelques jours après le retour d’un séjour de plusieurs semaines à Madagascar est à 53,6 mU/L (T4 libre 12,3 pmmol/L ; N : 8,4-22,0). La lévothyroxine est continué à la dose de 125 microg/j. En avril 2005, la TSH est à 0.56. En juillet 2005, à J5 après le retour d’un nouveau séjour de plusieurs semaines, la TSH est à 27 mU/mL. Elle est encore sous chloroquine-proguanil qu’elle prend le matin à jeun en même temps que la lévothyroxine. Elle présente des troubles digestifs mineurs à type de nausées. La posologie est majorée à 150 microg/j jusqu’à l’arrêt du traitement antipaludéen (TSH : 1.01 mU/mL ; T4L 19,1 pmol/L). En février 2005, il est décidé de réaliser un traitement d’épreuve d’une semaine par Nivaquine seule. La TSH passe de 0.54 à 0.51 mU/mL, la T4L de 14,9 à 17 pmol/L, la T3L de 3.86 à 4,27 pmol/L. ASAT et ALAT ne sont pas augmentés après traitement. En juillet 2006, elle effectue un nouveau séjour, mais arrête le traitement antipaludéen au 5ème jour du fait d’une intolérance digestive avec vomissements. A son retour, 3 semaines plus tard , TSH, T4L, et T3L, sont respectivement à 0,69 mU/L, 18,3 et 4,3 pmol/L. Un nouveau séjour avec prise de chloroquine + paludrine le soir non concomitante de la lévothyroxine (le matin à jeun) est suivi d’une nouvelle ascension de la TSH à 15 mU/L.

Discussion : La prise simultanée du traitement anti-paludéen associant chloroquine et proguanil peut s’accompagner d’une diminution de l’effet substitutif de la lévothyroxine. Le mécanisme reste obscur : induction enzymatique, effet hypothalamique, effet sur la conversion périphérique de T4 en T3, effet sur l’action tissulaire de la T3 ?