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Infection à Chikungunya chez le voyageur

Infection à Chikungunya chez le voyageur

P. Hochedez1, S. Jaureguiberry1, M. Debruyne3,  P. Bossi1, P. Hausfater2, G. Brucker1, F. Bricaire1, E. Caumes1

1) Département de Maladies Infectieuses et Tropicales, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris, 2) Service des Urgences, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris, 3) Laboratoire Pasteur Cerba, Cergy Pontoise, France

 

Introduction. Une épidémie de chikungunya (CHK) sévit depuis mars 2005 dans l’Océan Indien. Nous décrivons les manifestations de l’infection virale survenue chez des voyageurs au retour de la zone.

Matériels et méthodes. Il s’agit d’une étude monocentrique, prospective menée à la consultation des voyageurs du service de Maladies Infectieuses et Tropicales de la Pitié Salpétrière de mars 2005 à janvier 2006. Les principales caractéristiques cliniques et biologiques étaient colligées. Le diagnostic formel repose sur la sérologie en ELISA par immuno-capture.

Résultats. Durant la période d’étude, 22 patients dont 14 femmes avec signes de CHK sont confirmés. L’age moyen est de 47 ans. Dix sept patients revenaient de la Réunion, les autres des Comores ou de Maurice. Douze étaient des touristes. Les symptômes apparaissent durant le séjour ou au plus tard dans la semaine suivant le retour. La fièvre et les arthralgies sont constantes. Les arthralgies sont distales touchant les poignets (81%), les chevilles (77%), les phalanges (73%), les genoux (64%), les  coudes (18%) et les épaules (18%). Les autres signes sont retrouvés à des degrés divers : des céphalées (59%), des myalgies (55%), des oedèmes (45%), des adénopathies (41%), une épistaxis et des gingivorragies (18%), des nausées et vomissements (14%). L’éruption cutanée est retrouvée dans 77% des cas et survient dans la première semaine suivant la fièvre. Elle dure 3 à 7 jours. L’éruption est faite d’un exanthème maculopapuleux avec intervalle de peau saine touchant l’abdomen et le thorax le dos et les membres. Le visage est épargné. Le prurit est fréquent. Une lymphopénie est retrouvée dans 33% des cas, une thrombopénie dans 17% et une augmentation des ASAT/ALAT dans 44%. Les arthralgies sont persistantes après une semaine d’évolution de la maladie. Aucune forme sévère n’a été vue.

Conclusion. Le problème posé est celui du diagnostic d’une fièvre éruptive avec arthralgies au retour de pays tropical. La dengue en est le principal diagnostic différentiel avec les toxidermies, en provenance de la Réunion. Les arthralgies et l’évolution plus courte de la fièvre et de l’éruption plaident en faveur de l’infection par CHK.